CHAPITRE 12 : Le Jour de la Résurrection

Elle ne respirait que très doucement, et allait mourir d’épuisement. Nohranne tentait de retirer la tiare de la main d’Alexana. Mais elle était crispée sur cette dernière, on aurait dit que la tiare refusait de quitter la main d’Alexana. Nohranne perçut des incantations quasi inaudibles. Elle regarda autour d’elle.

- Alors ces potions, cela vient ? Cria-t-elle.

- On arrive ! Les voila. Répondit une Hermione essoufflée.

Nohranne prit la potion des mains d’Hermione et la versa sur les blessures visibles. Elles furent guérites en un instant. Mais elle était toujours inquiète, les incantations étaient toujours présentes et semblaient provenir du corps même d’Alexana. Elle serait donc…possédée.

- Mon dieu… Il est en train de s’emparer d’elle. Hermione, vas dans la chambre d’Alexana et chercher un médaillon en argent ayant un aigle comme insigne. Vous devez me le ramener… Et fais vite !

Alors qu’Hermione montait à l’étage, elle s’assit auprès d’elle, posa la main sur le front d’Alexana et se concentra. Elle s’introduit dans son esprit. Elle fut surprise par ce qu’elle voyait. Il y avait bon nombre de souvenir qu’elle avait gardé secret. Elle vit la scène où Alexana mit la main sur les coupures de presse lui montrant sa véritable mère. Devant cette découverte Nohranne recula d’un pas. Elle poursuivit son voyage pour arriver au moment où Alexana fuyait vers la forêt interdite. Courant à toute jambe, elle semblait poursuivie par des créatures des ténèbres. Effrayée et ne savant pas où elle allait, elle butta sur la racine d’un arbre et tomba dans une petite fosse… une meute d’animaux sauvages, corrompue par la magie noire se rua sur elle. Elle prit plusieurs coups de griffes avant de pouvoir sortir son épée. Elle éventra un premier animal, puis un deuxième. Les autres choisirent de garder leurs distances avec cette épée lumineuse. Quelques minutes plus tard, des créatures à grandes capes apparurent… le supplice pouvait alors commencer, pensait Nohranne. Le souvenir disparut et un autre apparut. Alexana était là, enchaînée à un arbre et soumise au sortilège Doloris par Voldemort lui-même.

- Je te conseille de coopérer si tu ne veux pas connaître un sort pire que la mort… alors je repose ma question, où est ce que tu comptais emmener cette tiare ? Pour qui travailles-tu ?
Il lui jeta un nouveau sortilège de douleur, elle poussa un cri déchirant, pendant dix longues minutes. Mais elle eut tout de même la force de lui lancer un bras d’honneur.

- Très bien je vois que tu ne me laisses pas le choix.
Il lui tourna le dos, la captive ferma les yeux, elle n’avait pas la moindre idée pour sortir de cette situation. Quand soudain…

- Avada Kedavra !

Tout devint noir, ou presque. Elle se trouva projetée dans une autre dimension, dans un lieu ne se trouvant probablement pas sur Terre, un monastère, un lieu qui était familier à Nohranne. Alexana était là, et attendait. Un moine vint à sa rencontre. Ils se serrèrent la main.

- Décidément vous avez du mal à rester en vie… Commenta le moine en tournant autour d’Alexana.

- Est-ce un reproche ?

- Non, un simple constat. Cependant sachez que j’ai de plus en plus de mal à faire accepter à mes frères l’idée de vous maintenir en vie.

- Et pourquoi donc ? Aurais-je déçu vos illustres collègues ?

- Là n’est pas la question, tu dois savoir qu’à chaque fois que nous contrecarrons la mort, nous jouons avec l’équilibre même de la magie. Et il est très dangereux de jouer avec. Ce qui a plaidé en ta faveur, c’est que Nohranne a réussi à convaincre le Zélote de lui remettre le médaillon de Serpentard. Avec la tiare cela fera bientôt quatre Horcruxes de détruit. Les résultats commencent à devenir probants.

- Mais des vies qui sont détruites pour cette chasse aux Horcruxes, vous en faites quoi ?

- Tu dois comprendre que si ces vies sont perdues c’est pour que d’autres puissent être sauvées, c’est notre responsabilité de préserver le plus grand nombre.

- Le grand plus nombre comme vous dite a courbé l’échine devant Voldemort. Cette bande de lâches vaut-elle la peine d’être sauvée ?

- Encore un élément qui a plaidé en ta faveur. Tu es l’une des dernières qui luttent encore contre Voldemort dans ce pays. Je te préserve une fois encore, mais je t’en prie, fais en sorte à ne pas te faire tuer à nouveau, car maintenant, par deux fois, tu as échappé à la mort et tôt ou tard t’auras des comptes à rendre… Sois donc prudente. Tu n’as plus droit à l’erreur maintenant.

- Je tâcherai de m’en souvenir. Merci pour tout ce que vous avez fait Vicenzo.

- Je ne le fais pas pour toi, je le fais pour vous tous. Je me dois de conserver l’équilibre de la magie qui est déjà bien précaire. Nous n’avons pas besoin que des fous de votre espèce viennent la perturber encore davantage.

Comme pour les autres souvenirs, il disparut pour laisser la place à un autre. Alexana était de nouveau en face de Voldemort mais une micro seconde avant que le sortilège de la mort ne l’atteigne. Les chaînes avaient miraculeusement disparues et elle eut le temps de se jeter sur le côté, avant qu’un halo de lumière ne vienne l’emporter sous le nez des mangemorts. Juste avant que le souvenir ne s’évanouisse, Nohranne perçut la fureur du Seigneur des Ténèbres. Elle ressortit alors de l’esprit d’Alexana, elle était étourdie et un peu chancelante. La fureur de Voldemort lui avait donnée une violente migraine. Elle était abasourdie par ce qu’elle venait d’apprendre. Alexana connaissait l’existence des Gardiens de l’au-delà et a été tuée déjà deux fois. Comment n’a-t-elle pu prendre soin de cette jeune fille ? Elle s’en voulait beaucoup. Elle fut tirée de ses pensées par le retour d’Hermione. Elle avait le petit médaillon et le tendit à Nohranne. Ce médaillon était en argent massif. Un aigle, semblable à celui de Serdaigle y était représenté. Elle le tapota avec sa baguette et une ouverture apparut sur la tranche. Les ailes de l’aigle commencèrent à s’animer. Elle sortit plusieurs comprimés. Elle en fit avaler deux à Alexana.

- Ce sont ses doses.

- Elle se droguait ? Demanda Hermione.

- En effet, je l’ai découvert il y a quelques temps. Cela devait expliquer pourquoi elle avait des cernes et devait paraître totalement hagard.

- Et vous allez la droguer ? Alors qu’elle est sur le point de mourir ?

- Oui, cela va perturber ses visiteurs. Répondit-elle en en mettant encore deux de côté. Il s’agit d’une puissante solution faite à base de poudre de dent de dragon.
L’effet ne se fit pas attendre, Alexana fut secouée de spasmes, des perles de sueur commençaient à apparaître. Elle prononça des paroles quasi inaudibles.

- Non… Pas lui… Je ne veux pas, je ne te connais pas…

Puis des hurlements…
- La portion d’âme de Voldemort utilise la manière forte tant qu’elle a encore l’ascendant sur elle. Je pense que deux comprimés de plus vont la rendre dingue.

- Vous êtes sûre que…

- Non pas entièrement mais si nous ne faisons rien, elle passe l’arme à gauche dans moins d’une heure.

Elle lui fit ingurgiter deux comprimés supplémentaires et quelques minutes plus tard, elle se releva et une fumée épaisse sortit de sa bouche. Cette fumée se rua vers tiare. Après qu’elle l’a rejoint, Nohranne prit un poignard à lame noire semblable à celui du Zélote et fendit la tiare en deux. La portion d’âme de Voldemort hurla de toutes ses forces avant que ses cris ne s’étouffent. Les doigts d’Alexana cessèrent de se crisper. Enfin elle put dormir en paix. Mais pour s’en assurer, Nohranne lui fit boire une potion de sommeil sans rêve. Il faut dire qu’elle avait besoin de beaucoup de repos, surtout lorsque par deux fois d’affilée, on défie la mort elle-même.

Nohranne annonça aux autres qu’Alexana était hors de danger mais qu’elle avait besoin de se reposer pendant au moins six semaines. La nouvelle fut accueillie avec joie et soulagement.
La fête de Noël arriva et la maison se transforma, des stalactites de glaces furent accrochées au plafond, une neige magique tombait dans le salon mais il ne faisait pas froid pour autant. Nohranne était occupée à décorer le sapin pendant qu’Harry et Hermione se chargeaient des guirlandes. Ron et Dean jouaient aux échecs version sorcier pendant qu’Ernie écrivait une lettre. Le deuxième de première année fut renvoyé chez ses parents sous escorte après une modification de mémoire plus que drastique. Cho avait décidé de prendre un bain et de rester seule un moment… peut être pour repenser à Cédric. Elle n’a jamais vraiment pu accepter sa mort, en plus d’être inquiète pour la vie de ses parents. Après environ une heure passée dans la salle de bain, elle croisa Nohranne dans le couloir qui rangeait les décorations qu’ils n’avaient pas utilisées.

- Bonsoir dit-elle. Tu devrais descendre, le repas va bientôt être prêt et nos invités ne devraient pas tarder.

- Des invités ?

- En effet mais tu verras quand ils arriveront.

- J’aimerai rester seule pendant un moment si cela ne vous dérange pas.

- Mais depuis ton arrivé tu es restée seule. Je sens en toi beaucoup de souffrance, due à la perte d’un être cher. Je me trompe ?

Cho se contenta de hausser les épaules.
- Laisses-moi te dire une chose. Nous traversons une époque difficile et tous, nous devons nous entraider et avoir confiance les uns envers les autres. Si tu as des inquiétudes ou des problèmes, je peux éventuellement les apaiser.

- Je ne me fais pas à l’idée qu’il soit mort. Pourquoi lui…

- Il y a des choses qu’on ne choisit pas. Il était un très bon sorcier. J’ai assisté aux trois tâches du tournoi et il s’en est très bien sorti. Malheureusement, quand Lord Voldemort décide de tuer quelqu’un, cette personne n’a pratiquement aucune chance. Regarde autour de toi, nous avons tous souffert ses des actes. Alexana fut à deux doigts de perdre l’esprit, Harry a bien failli être tué à plusieurs reprises, et tout deux, comme Hermione ont subi le sortilège Doloris, et je pourrai passer beaucoup de temps à t’énumérer les méfaits accomplis par Voldemort. Mais sois sûre que tôt ou tard, quelqu’un viendra le chercher pour payer le prix de ses atrocités. Il y a d’autres forces qui sont à l’œuvre dans ce monde, et toutes ne partagent pas les points de vue de Voldemort.

- Je ne sais plus trop quoi penser…

- Vide ton esprit de toutes ces questions pour une journée. Et si tu éprouves des inquiétudes à propos de tes parents je peux aller vérifier s’ils vont bien. Cela ne me prendra que quelques minutes.

- Cela me m’aiderait merci.

- Bien, j’y vais de ce pas alors.

Elle ouvrit une porte qui à la grande surprise de Cho donnait directement sur le ministère. La rue était embrumée, il y avait prés de quarante centimètres de neige.

- Je ne devrai pas en avoir pour longtemps. Elle adressa un sourire complice à Cho.

Dans le salon, l’ambiance était chaleureuse. Tout le monde se réjouissait de passer les fêtes de fin d’année à l’abri des atrocités de l’extérieur. Quelques minutes plus tard, Nohranne fut de retour mais entra par la porte extérieure. Elle tira Cho à l’écart.

- Tes parents vont bien. Ils sont sous la surveillance des mangemorts parce que tu as disparu. Ils ont été soumis à la légilimancie pour savoir où tu te trouvais. Comme ils ont découvert qu’ils ne savaient rien, ils les laissent vaquer à leurs occupations.
Cho ne fut pas rassurée pour autant.

- Mais que vont-ils devenir ? Demanda-t-elle.

- Pour être honnête, je ne sais pas, mais pour l’instant, ils s’en sortent plutôt bien… ils sont toujours vivants et n’ont pas été torturés et je crois savoir qu’ils ont le sang pur depuis… quelques générations il me semble ? A mon avis ils vont continuer à les surveiller mais rien de plus. Ils n’ont aucune raison de tuer des sorciers qui ne savent rien et qui plus est n’ont pas de sang moldus dans les veines. Maintenant cette conversation est close et je te prie de descendre dans le salon. Conclut-elle d’un ton assez ferme.
Le banquet était prêt, il ne restait plus que les invités, qui ne tardèrent pas à arriver. Les premiers furent la famille Weasley qui arriva escortés par des chevaliers qu’Harry n’avait encore jamais vus. Leurs armures étaient argentées, et une lueur orange apparaissait dans ce qui devait être leurs yeux mais aussi entre les différentes pièces de leur armure.

- Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue dans ma demeure ! Entrez vite, mes gardes vont se charger de vos affaires.
D’un coup de baguette, Nohranne ordonna aux gardes de s’occuper des affaires des Weasley jusqu’à ce qu’elle fut interrompue par des cris. Fred s’était fait prendre par un garde qui le tenait par les pieds et l’emmenai vers le garage.

- Il semblerait qu’un de mes gardes ait commis un impair. Ce jeune homme ne fait pas parti des affaires à ranger dans le garage.
Elle ordonna au garde de poser Fred. Le garde le lâcha et Fred tomba sur le dos. Nohranne s’approcha de lui avec un grand sourire. Elle posa son talon aiguille en acier à seulement quelques centimètres de l’oreille de Fred, ce qui ne le rassurait pas.

- J’ai oublié de préciser que mes gardes ne sont pas très prompts à s’amuser. Je te suggère donc à toi et à ton frère d’éviter les plaisanteries douteuses… Dans ton intérêt bien sûr.
Devant le regard surprit de Fred elle ajouta :

- Votre mère m’avait précisé que vous seriez tenté de faire quelques actions d’éclat.

- Je crois que nous allons oublier…

- J’en suis sûre.

Ils entrèrent tous dans la maison richement décorée et tous s’installèrent dans le salon. L’apéritif était riche également. Il ne s’écoula que quelques minutes avant que Tonks et Lupin n’arrivent eux aussi escortés par des chevaliers. Ils entrèrent rapidement. Harry fut très heureux de tous les revoir. La chute du ministère les avait séparés de façon brutale et pourrait peut être en apprendre un peu plus sur ce qui se passe à l’extérieur. Comme à son habitude, Mme Weasley prit Harry dans ses bras pendant au moins dix minutes. Puis ce fut au tour de Lupin de le prendre dans ses bras, sauf que cette fois-ci ce fut moins étouffant. Bill et Fleurs arrivèrent plus tard car ils furent retenus par des partisans de Voldemort.

- Ce n’était pas trop grave j’espère ? Demanda Nohranne, les sourcils froncés.

- Non, ce n’était même pas des mangemorts, juste des petites mains chargées d’accomplir les basses besognes. En tout cas les chevaliers sont intervenus, ils ont taillés en pièces ces boulets, c’était du grand art. La seule chose que je crains, c’est que les mangemorts aient pu suivre notre itinéraire.

- C’est très peu probable, mes gardes ont ordre d’effacer toutes traces de leurs passages, de plus ce lieu ne peut être situé sur une carte et dispose de protections arcaniques extrêmement puissantes sans parler des gardes qui patrouillent dans le domaine de jour comme de nuit. Si Voldemort attaque, il risque d’avoir une sacrée surprise. Maintenant si vous le voulez bien, passons au salon. Normalement je n’attends plus personne.

Et la soirée commença, tout comme le repas. Le poulet, le vin, les fruits, une vraie corne d’abondance. Les conversations étaient multiples, cela pouvait être le dernier match de Quidditch ayant opposé la Russie à l’Italie, la progression spectaculaire des actions de la société Nimbus, mais le principal sujet de conversation était quand même les dernières catastrophes perpétrées par Voldemort et les détraqueurs. Cela agaçait Harry, c’était la fête de Noël et ils s’arrangeaient pour parler de Voldemort. Il choisit de se lever de table. Il remarqua une absente : Alexana. Elle était en train de dormir, plongée dans un profond coma reconstructeur. Il choisit d’aller la voir. Il monta au premier étage, il entra dans la chambre mais il n’était pas le seul à vouloir la voir. Un homme se tenait devant le lit d’Alexana. Il reconnut cet homme, c’était Tierru, celui qui avait tué Bellatrix Lestrange de la pire manière qui soit. Il semblait ne pas avoir remarqué la présence d’Harry. Il semblait affligé par le sort d’Alexana, pourtant lors de leur dernière rencontre, il n’avait pas eu l’impression qu’il puisse éprouver le moindre sentiment. La carapace est peut être en train de s’effriter.

- Toi aussi tu es venu la voir ? Elle te manque ?

- Un peu c’est vrai. Rien que d’imaginer ce qu’elle a enduré, cela me donne des frissons. Mais que faites-vous ici ? Si Nohranne vous voit ici…

- Il ne se passera rien. Tous les ans le jour de la fête de Noël nous mettons de côté nos hostilités. Une vieille tradition qui remonte au Moyen Âge, au temps où nous trouvions encore des démons et des dragons dans cette contrée. Je ne suis pas votre ennemi. Je n’ai jamais eu pour ambition de tuer ou de dominer. Au contraire. Je sais que cela peut paraître incroyable, surtout quand on sait qu’à plusieurs reprises je me suis rendu en Enfer et que j’ai « travaillé » avec des démons.

- Le mal combattu par une autre forme de mal ? répondit Harry. J’ai déjà entendu cela quelques part. il me semble que c’était de Nohranne.

- Mouais…Si l’on veut, cela ne fait que peu de temps qu’elle a accepté l’idée d’aller demander de l’aide aux « impurs », comme Rimmer Dall par exemple.

- Ils se détestent ?

- On peut dire cela oui. Surtout depuis que Nohranne a réduit à néant la défense de Dall lors de son procès. Comme tu le sais peut être, il fut accusé d’assassinat.

- Qui aurait-t-il tué ?

- Une famille entière de sorciers.

- Cela me paraît donc normal qu’il ait été emprisonné.

- Sauf que je sais de source sûre que ce n’était pas lui, malheureusement je n’avais aucune preuve valable pour un tribunal de sorcier qui tenait absolument à trouver un coupable pour calmer l’opinion publique et la presse. Cela dit, il faut reconnaître que Dall avait le profil parfait. Mais est-ce une raison pour envoyer un innocent dans un trou à rat pendant des années entières ?

- Cela explique pourquoi il n’était pas très heureux d’entendre parler de Nohranne.

- C’est exact, j’ai assuré sa défense du mieux que j’ai pu mais Nohranne était trop incisive, trop convaincante et mon passé n’était pas non plus des plus reluisant en comparaison de celui de Nohranne. Il fut donc condamné à trente ans d’emprisonnement à Azkaban. Mais j’ai pu convaincre l’administration pénitentiaire de le relâcher au bout de quinze… Contre une compensation financière plus que généreuse… qui se mesurait en plusieurs dizaines de millier de galions.

- Vous possédez autant d’argent ?

- Je dispose de fonds illimités. Mon compte à Gringotts fut ouvert il y a plus de mille ans et les intérêts ont couru au fil des siècles. A cela, il faut ajouter les réserves d’or personnelles dont je dispose ainsi que les rentes que me versent les gobelins en contrepartie de ma protection.

- Vous protégez des gobelins ?

- Oui, contre Voldemort, car comme les moldus, les gobelins sont considérés comme de la vermine. Bien qu’ils soient à même de se défendre, certain ont estimés judicieux de s’assurer les services d’un ancien chasseur de démon, n’ayant de compte à rendre à personne.

- D’accords, mais par rapport à Alexana, qui êtes vous ?

- Eh bien… c’est assez complexe. Si je te dis qui je suis vraiment et qu’elle l’apprend par la suite, elle va me haïr pour le restant de sa vie et ce n’est pas ce que je souhaite.

- Alors cela restera entre nous.

Après un moment d’hésitation, Tierru se décida enfin à révéler qui il était vraiment et ce qu’il avait fait.

- je suis… son père, son père biologique.

- Son père ?

Harry était abasourdi par la révélation. Il n’arrivait pas à le croire, pendant des années il aurait donc abandonné sa fille pour partir dans les mondes inférieurs… mais il y avait un détail qui troublait Harry.

- Mais il y a quelque chose que je ne comprends pas, Nohranne m’avait dit que ses parents étaient partis avec vous et que personne n’était revenu. Que leur avez-vous fait ?

- C’était ses parents adoptifs, des amis de Nohranne. Ils ont disparus quelques parts en Transylvanie et je suis parti à leur recherche. Pendant des années j’ai remué ciel et terre pour les retrouver. Aujourd’hui encore, je ne suis pas totalement sûr de ce qu’ils sont devenus mais je pense qu’ils ont été assassinés par les démons.

- En même temps cela vous arrangeait bien qu’ils disparaissent, comme ça vous pouviez récupérer votre fille.

- Oh non ce n’est pas aussi simple. Si j’ai dû me rendre en Enfer, c’est parce qu’on me l’a ordonné. Ce fut le prix à payer pour avoir abandonné ma fille et celle que j’aimais. Encore aujourd’hui je continue de payer ma dette car si j’avais été là, peut être qu’aujourd’hui elle serait toujours en vie.

- Qui vous a envoyé ?

- Un moine de l’Au-delà.

- Le Zélote ?

- Non, un autre, Sammael. Comment connais-tu le Zélote ?

- Je lui ai déjà rendu une visite. Il n’y a pas très longtemps.

- Si tu t’es déjà rendu sur l’île du monastère mystérieux, as-tu eu l’idée de te pencher sur les tombes derrière le monastère ?

- Pas vraiment. A vrai dire, je n’ai vu qu’une partie du monastère. Je n’ai pas pu entrer à l’intérieur non plus.

- Cela, personne ne le peut, sauf les parjures et les sanctifiés. Si un jour tu as l’occasion d’y revenir je te suggère d’aller jeter un œil sur les tombes. Je pense que tu trouveras des réponses à beaucoup de tes questions.

Après avoir lâché ces mots il ouvrit la fenêtre et disparut en silence. A ce moment là, la porte s’ouvrit et Ron accompagné d’Hermione apparurent. Ils semblaient un peu joyeux pour être dans leur état normal.

- Harry tu viens ? Il y a la distribution des cadeaux. Ce serait bête de rater ça.

- Je vais vous rejoindre dans deux minutes.

Ron et Hermione quittèrent la chambre. Harry jeta un dernier regard sur Alexana.

- Que de souffrances tu endures… Et le pire reste encore à venir…

Puis il redescendit vers le salon. Le repas était terminé, le dessert était commencé. Il y avait des cadeaux partout. Il s’assit entre Hermione et Cho. La distribution allait commencer. Ron fut le premier, il reçut un pull tricoté par madame Weasley. De la part de Remus et Tonks, il reçut l’Encyclopédie complète du monde du Quidditch, un ouvrage en six volumes. Enfin il reçut une magnifique plume d’aigle qui avait la particularité de connaître plusieurs langues de la part de Nohranne. Hermione reçut une jolie cape confectionnée par Madame Weasley et Nohranne lui offrit un parfum aux larmes divines (ce parfum avait-il la possibilité d’envouter les garçons ?), mais également une collection d’encres runiques destinées à l’écriture. Lupin lui expliqua qu’avec ces encres, elle pouvait piéger des portes des couloirs, ou encore protéger des accès, voir ouvrir des portes magiques pouvant l’amener n’importe ou dans le monde. Soudain Nohranne se leva et courut à la bibliothèque. Elle revint quelques minutes plus tard avec un gros paquet qu’elle tendit à Hermione. Il s’agissait d’un ouvrage sur l’histoire de la magie des arcanes. C’était un sujet qui la passionnait de plus en plus.

- Je me disais bien qu’il manquait un cadeau à l’appel dit elle avec le sourire.

Ce fut ensuite le tour d’Harry. Remus et Tonks lui avait offert une ceinture magique qui le protégerait des mauvais sorts mineurs. Ils précisèrent par la suite que c’était un produit conçu par les jumeaux Weasley, mais qui fut perfectionné par une connaissance de Tonks. Harry eut aussi droit à une belle cape de la part de Mme Weasley. Enfin, Nohranne lui tendit une boîte. Elle contenait une baguette magique en cristal. Elle lui expliqua que ces baguettes étaient extrêmement rares et qu’elles avaient la capacité d’assimiler les sorts lancés par l’adversaire. Harry ne parvenait pas à croire à tout ce qu’on lui offrait. Il n’était pas habitué à ça. En effet, durant des années les Dursley l’avait privé de l’affection et de l’amour dont il avait besoin. Mais la liste n’était pas finie. Une voix vint troubler l’assistance.

- J’ai aussi un cadeau à offrir à Harry.

Tout le monde se retourna, Alexana s’était réveillée. Elle portait une couverture sur les épaules et grelottait. Elle était encore très faible. D’une main, elle tenait sa couverture, de l’autre elle tenait un petit paquet longiligne elle descendit les marches du salon, Nohranne voulut l’aider mais Alexana refusa. Elle s’approcha d’Harry. Il se leva, elle s’approchait toujours. Elle était très prés de Harry. Elle lui tendit son cadeau.

- J’ai pensée que cela pourrait te plaire.

Harry l’ouvrit et vit une jolie chaîne en or blanc. Mais il n’y avait pas que de l’or.
- Il y a aussi un crin de licorne finement incrusté dans l’or blanc. Rajouta Alexana.

Nohranne se leva et regarda la chaîne avec attention.
- C’est un objet magnifique, finement réalisé par des elfes. C’est un véritable petit chef d’œuvre ajouta-t-elle en attachant le collier autour du cou de Harry.
Harry se rapprocha pour la remercier mais elle le prit contre elle.

- Il est le témoin de tout l’amour que j’ai pour toi. Dit-elle à l’oreille d’Harry.
Harry prit Alexana dans ses bras, l’étreinte fut sincère, ce fut émouvant. Ron n’en croyait pas ses yeux. Des larmes perlaient des yeux d’Alexana. Mme Weasley était aussi en larme (il faut dire à sa décharge que son mari l’a initié à une série moldue culte : les Feux de l’amour !). Cho quant à elle n’avait aucune expression. Harry aida Alexana à s’installer. Elle restait emmitouflée dans sa couverture. Nohranne ramena les potions qu’Alexana devait prendre. Pendant ce temps, Ron entraîna Harry dans un lieu tranquille. Il le fusillait du regard.

- Alors comme ça tu oublies ma sœur pour elle ?

- Holà, comment ça ?

- Ne me prends pas pour un con je sais parfaitement ce qu’il y a entre Alexana et toi. Ma sœur est morte donc ça y est, tu en profites pour sortir avec elle ? Jamais je n’aurai pu croire ça de ta part.

- Arrêtes ce n’est pas ce que tu crois.

- Ah ouais ?

- Oui en fait je ne peux sortir avec personne et elle le sait. Si Voldemort …

- Voldemort par ci, Voldemort par là, arrêtes de le mélanger à toutes les sauces je trouve que ce que tu fais c’est une insulte à sa mémoire !

- Je t’interdis de dire ça ! Comment peux-tu oser dire une chose pareille ? j’ai tout faits pour la protéger je n’y pouvais rien si il y avait cette saloperie de créature qui traînait dans le château. Le problème c’est que tu n’as pas encore accepté la mort de ta sœur.

- Parce que si t’avais été à ma place tu l’aurais accepté comme ça sans broncher ? Je te rappelle que j’ai aussi perdu un de mes frères. Là je n’avais rien dit à personne mais cette fois c’est trop. Et le pire c’est que tu te mets à sortir avec une autre !

- JE NE SORS AVEC PERSONNE C’EST CLAIRE ? PEUT ETRE QU’ELLE VEUT MAIS MOI JE NE PEUX PAS !

- Peut être que tu ne peux pas mais je suppose que tu as bien envie non ? Répliqua Ron d’un ton cinglant.
Harry ne pouvait plus contenir sa colère et décida de lui dire tout ce qu’il avait sur le cœur, il avait vraiment envie de le frapper la hallebarde que portait le chevalier à proximité.

- ET BIEN OUAIS C’EST VRAI ! EN FAIT JE LES AIMAIS TOUTES LES DEUX ET JE N’ARRIVE PAS LES DEPARTAGER. TU CROIS QUE CELA NE M’A RIEN FAIT LA MORT DE GINNY ? TU CROIS QUE JE L’AI OUBLIÉ D’UN TRAIT ? ET ALEXANA ? TU CROIS QUE CELA NE LUI A RIEN FAIT ? NON BIEN SÛR CE N’EST QU’UNE INTERRESSÉE QUI NE PENSE QU’A ELLE, ALORS QU’ELLE N’A PAS HESITÉ À AFRONTER LA MORT POUR NOUS AIDER À TROUVER LES HORCRUXES !

il prit une inspiration pour essayer de se calmer. Puis il ajouta. Tu aurais dû voir comment elle hurlait lorsque Nohranne voulut la débarrasser de la portion de l’âme de Voldemort qui l’avait possédé. Et pendant ce temps toi, où étais tu ? Dans la cuisine en train de chercher à manger, en train de te plaindre parce que tu avais mal aux jambes. Et ensuite tu oses venir me donner des leçons ? ET MÊME dans tout les cas tu n’as pas à me juger comme tu le fais, et tu n’avais pas… LAISSES MOI FINIR RON !... à intervenir dans la vie privée de ta sœur, il serait peut être temps que tu grandisses un peu si ce n’est pas trop te demander OK ?
Ron le dévisageât. Il était difficile de dire ce qu’il ressentait.

- Tu le pense vraiment ? demanda Ron, déstabilisé par la fureur d’Harry.

- Si tu continues à être injuste avec moi, je finirai par le penser vraiment.

Ron allait répliquer quand Hermione arriva. Elle vit la scène. Ils étaient face à face. Prêt à s’entretuer.
- J’ai entendus des éclats de voix… cela venait de vous ?

- Regarde-le Hermione, lança Ron, à peine ma sœur décédée, il en profite avec Alexana.

Mais Hermione connaissait la vérité, et savait que leurs sentiments étaient nés bien avant la mort de Ginny. Déjà là il était confronté à ce choix.
- Ron, je pense que c’est un peu plus compliqué que tu ne le crois. Dit-elle d’une voix calme.

- Vraiment ? Dit-il d’un cinglant.

- Oui, leurs sentiments l’un pour l’autre datent d’avant la mort de Ginny, et je pense qu’elle en avait conscience.

- Hermione, tu es sûre de ce que tu avances ?

- Oui, elle a eu des doutes à partir du jour où tu es sorti un peu plus tard de la salle d’arme, le premier jour de notre formation.

- Et elle n’a rien dit ? répondit un Harry prit à contre-pied. Cela ne lui ressemble pas.

- Il faut croire que non. Peut être avait elle choisi de garder Harry comme véritable ami. Nous ne serons probablement jamais.
Pendant ce temps, Harry et Ron continuaient de se fusiller du regard.

Ron n’acceptait pas qu’Harry sorte avec quelqu’un d’autre que Ginny. Mais dans le fond ce qu’il n’acceptait pas c’était sa mort. De son côté, Harry trouva la réaction de Ron injustifiée, il aimait profondément Alexana comme Ginny. Mais qui choisir ? Malheureusement le destin a choisit à sa place et de façon bien cruelle. Il aurait préféré choisir autrement. Mais que pouvait-il contre le destin ? Une chose est sûre, c’est que les épreuves qu’ils vont devoir encore surmonter seront très difficiles, et il aura autant besoin de Ron que d’Alexana.

Lorsqu’ils furent revenus dans le salon, tout le monde était levé et s’apprêtait à repartir.
- Vous êtes sûre de ne pas vouloir rester ici pour quelques temps ? La sécurité est maximale et il y a bien assez de place pour tous vous accueillir.

- Nous vous remercions ma chère Nohranne. Répondit Mr Weasley. Mais nous avons ce qu’il faut. Notre demeure est protégée par le sortilège de Fidélitas, sans compter les nombreux autres sortilèges.

- Très bien. Néanmoins veuillez accepter tout de même que certains de mes gardes vous accompagnent. Nous ne sommes jamais trop prudents. Il y a des créatures bien plus redoutables que des mangemorts qui rôdent dans le pays ces derniers temps.

- Nous acceptons avec joie. Répondit Mr Weasley qui serra la main de Nohranne.

- Ce fut un grand plaisir de discuter avec vous. Je pense que nous nous reverrons.

- Si la guerre s’achève.

- Elle s’achèvera. Je vous le garantie et c’est nous qui l’emporterons je vous le garantie également.

Elle serra la main également à Remus Lupin et à Tonks et les fit raccompagner par des gardes comme à l’allée. Et il en fut de même pour Bill et Fleur. La nuit était très avancée. Il fut arrangé également que Cho retrouve ses parents par l’intermédiaire de Mr Weasley. Mais Nohranne prit soin de modifier la mémoire de Cho et lui fit croire qu’elle fut capturée par des rafleurs de moldus mais qu’ils avaient pu démontrer qu’elle était de sang pur.

Tout le monde était parti, Nohranne remis le salon en ordre d’un coup de baguette magique puis aida Alexana à remonter. Car même si elle s’était réveillée, elle était encore très faible. Pour terminer elle invita tout le monde à se coucher et cela sans exception. Vingt minutes plus tard, tout le monde était couché, on entendait plus que le bruit des pas métalliques des chevaliers qui patrouillaient dans le domaine.

Le lendemain tout le monde était un peu fatigué, mais Nohranne se leva très tôt et se lança dans la lecture de très nombreux ouvrages. Ensuite elle se rendit dans la salle d’entraînement. Elle portait une veste renforcée avec des ailes d’aigles en acier, protégeant sa poitrine. Elle portait aussi une épée. Elle avait la lame brisée. Cette lame appartenait aux parents d’Alexana. Elle fut brisée par les Efrits lors de leur retour de terres lointaines trois années auparavant. Lord Voldemort venait tout juste de retrouver son corps. Ils furent trahis par l’un de leurs alliés. Alexana était toute jeune lorsque ses parents disparurent mais elle aussi était liée au pouvoir de l’épée brisée. Ainsi, elle aussi souffrait de cette lame brisée. Aujourd’hui, il fallait restaurer ce qui avait été détruit. Pour ce faire, Nohranne allait être obligée de faire quelque chose dont elle n’avait pas l’habitude. Elle s’agenouilla, serra entre ses mains la garde de l’épée brisée et se concentra, elle serrait les dents, tout ce qu’elle avait refusé, refoulé au plus profond d’elle-même revenait à la surface. Des éclairs commençaient à zébrer la salle, des nuages venaient obscurcir le ciel, elle sentait les forces du purgatoire s’insuffler en elle, cette pression s’accentuait au fil des minutes, la douleur devenait de plus en plus intense. Puis tout se figea, Nohranne rouvrit les yeux. Elle était toujours agenouillée, mais elle avait désormais des ailes dans le dos. Elle n’était plus dans la salle d’arme mais ailleurs. Elle reconnut l’endroit, elle reconnaissait l’île du monastère mystérieux, mais cette fois elle se trouvait à l’intérieur. Tout était sobre, il n’y avait aucune sculpture, pourtant le style était gothique, des bancs étaient rangés. Nohranne regardait autour d’elle, connaissant le monastère par sa légende, elle savait qu’elle ne pouvait pas sortir sans que les moines ne l’y autorisent. Un moine justement s’approcha d’elle. Il avait le teint anormalement pâle, presque blanc, le visage jeune, un grand manteau de cuire le couvrant jusqu’au coup.

- Soyez la bienvenue… Gardienne. Annonça-t-il.

- Gardienne… Vous pouvez toujours rêver, il est hors de question que j’entre dans vos manigances politiques, je vous l’ai déjà dit… Sammael.

- Je crains bien que vous n’ayez pas le choix. Vous avez été nommée comme Gardienne des âmes il y a déjà bien des années, pour être plus précis, le premier jour de la première guerre contre le Seigneur des Ténèbres. Déjà à l’époque vous aviez refusé. Malheureusement notre supérieur, le Baron Frostel vous a alors infligée la malédiction du Tarot Noir pour avoir refusé d’entrer dans le jeu. De ce fait, bon grés malgré, vous avez quand même été entraîné de ce jeu dangereux… En tant que gardienne bien sûr. Il tenait à ce que vous soyez son bras armé.

- NON ! Comment avez-vous pu laisser faire cela ? Et qu’avez-vous fait d’autre ?

- C’est bien plus compliqué que vous le croyez. Le Baron Frostel n’avait pas du tout apprécié que vous rejetiez son offre. Il avait considéré cela comme une insubordination. Nous nous sommes vigoureusement opposés à cette décision. Mais Frostel nous a tous dupé. Il a fait disparaître ses opposants, les seuls qu’il n’a pas osé éliminer, c’était Vicenzo, moi-même et ton père… Le Zélote. Il s’est contenté de nous envoyer en exil et de nous faire perdre une grande part de nos pouvoirs. Et depuis, nous vivons ici, dans ce monastère, reclus, coupés de tout. Lorsque tu t’es rendue pour la première fois sur cette île avec le garçon, nous avions compris que notre heure était venue. Nous avons donc amorcée votre mutation et vos pouvoirs de Gardienne. Ils étaient restés endormis pendant des années pour que vous restiez cachée aux yeux de Frostel.

- Il n’aurait pu me retrouver puisque que je m’étais caché dans le monde des simples mortels.

- Cela aurait été vrai si lui aussi n’avait pas changé. Or, le baron Frostel que vous avez connu n’est plus. Il a pris un autre nom et s’est intégré au monde des mortels.

- Il a donc renoncé à son immortalité ?

- Oui, par amour de la cruauté et de la domination. Il est prêt à tout pour conserver son pouvoir, il n’a pas hésité à sacrifier son âme sur l’autel du pouvoir. Il a désormais un nouveau nom. Désormais il se fait appeler Zaas.

- Alors dans ce cas nous nous sommes déjà rencontrés. J’étais tentée de l’éliminer.

- C’est pour ça que nous avons décidé de libérer vos pouvoirs. Il a détruit les nôtres, mais il a épargné les vôtres.

- Il m’a sûrement sous-estimé.

- Oui, cependant le seul problème, si nous pouvons vraiment appeler cela un problème, c’est que vous êtes sous la contrainte du Tarot Noir.

- Donc en ce qui me concerne, je ne pourrai utiliser mes pouvoirs de l’au-delà que par l’intermédiaire de ce jeu de cartes maudit ? Sans parler du fait que désormais à chaque fois que je ferai appel à ces mêmes pouvoirs, je m’enfoncerai un peu plus dans les ténèbres à chaque utilisation…

- Il serait faux de dire vous tomberiez dans l’ombre si vous utilisiez ces pouvoirs là. Car heureusement, la magie connaît la nuance. Vous croyez franchement que votre âme serait noircie si vous utilisiez le Tarot Noir pour terrasser le Seigneur des Ténèbres ? Je ne crois pas. Ce Frostel ignore, c’est que le Tarot Noir représente en réalité la moitié sombre de votre personne, moitié que tout archange possède en lui. Mais il n’appartient qu’à vous de faire en sorte à ce qu’elle ne s’empare jamais de vous. Finalement, ce qu’il croyait être une terrible malédiction n’est que l’expression d’une part que tout être créé par la magie dispose en lui.

- Il me condamne quand même, car si le jeu est détruit, je perds tous mes pouvoirs.

- Tous vos pouvoirs dépendant de l’Au-delà en effet… Mais pas ceux que vous avez pu acquérir ailleurs. Sachez également que vous n’êtes pas la seule victime de Zaas… Tierru a également quelques griefs avec lui, et par conséquent, sa fille est donc menacée. Il n’est pas aussi mauvais que vous ne le pensez… Une dernière chose encore, dit-il sans se retourner, je crois que vous allez avoir besoin d’aide. Sur ces mots, il claqua des doigts et le retentissement d’un carillon se fit entendre et résonna dans tout le monastère.

Sammael disparut et Nohranne réapparut dans la salle d’entraînement. Ses ailes d’anges avaient disparues. Aussi curieux que cela puisse paraître, la lame d’Alexana fut reforgée. Ils avaient donc le pouvoir de reforger ce qui a été brisé par le feu occulte, et ils disent que leurs pouvoirs ont été détruits ? Difficile à croire… Nohranne s’interrogeait donc sur sa conversation avec Sammael, faits ou fictions ? Et sur les informations délivrées par ce dernier la concernant, folie ou réalité ?