Dante ne semblait pas décidé à répondre. Natalia restait là, adossée contre le mur, sereine. C'était complètement irréaliste, ils ne semblaient pas prendre en compte l'environnement autour d'eux. Les aurors, les autres membres de l'équipe et moi-même, nous appartenions au décor.
Soudain, ce fut l'explosion, les deux protagonistes s'envoyèrent une série de sortilèges dont je n'avais (pour certains) seulement entendu quelques rumeurs sur leur existence. Les murs furent désagrégés par les sortilèges, les aurors coururent se mettre à couvert, tout comme nous tellement les sortilèges pleuvaient dans tout les sens... je me sentais toute petite à côté de ces deux titans. Kaathode nous servait de bouclier anti-magie, car sa structure métallique faisait ricocher l'ensemble des sortilèges.
L'affrontement s'intensifiait, des quantités considérables de magie étaient englouties dans ce combat et pour tout dire, je me moquais de savoir qui allait l'emporter ! Je voulais que cela s'arrête avant que le ministère ne tombe en miette. En tout cas pour la discrétion, c'était loupé. Les aurors étaient morts de trouille (comment le leur reprocher ?), cependant nous sommes parvenus à nous mettre à couvert derrières de lourds bureaux en bois massif... ce n'est pas l'idéal mais c'est mieux que rien.
- On fait comment pour sortir maintenant ? Ils bloquent l'accès à la sortie ! lançais-je rapidement.
- On est dans la mouise ! Poursuivait Titus.
- Pas encore ! Répondit alors Kaathode tandis qu'il était occupé à ressouder son bras arraché par un sortilège de Natalia. J'ai toujours une carte à jouer dans ma manche !
Après avoir finis de réparer son bras, il retira un panneau d'acier de sa poitrine et plongea la main dans ses entrailles pour y retirer une petite pendule à remontoir.
- Qu'est ce que c'est ? demanda Titus alors qu'il portait toujours Narcissa sur l'épaule sans faiblir alors que cette dernière lâchait un timide "lâchez-moi !"
- Une pendule de Catodion. Ce que vous ne savez pas, c'est que contrairement aux autres golems, moi, je pratique la magie, et pas n'importe laquelle ! Regroupez-vous autour de moi ! Le champ de confinement est limité !
Nous nous exécutâmes. Soudain, il bloqua les aiguilles de la pendule et tout se figea autour de nous. Les gravats étaient suspendus dans l'air, les aurors étaient figés dans leurs expressions de terreur. Dante et Natalia eux, étaient figés dans des poses épiques, des rayons de feux, de glaces s'échappaient de leurs baguettes et leurs expressions respectives étaient proches de la démence.
- Qu'est-ce... Qu'est-ce qui s'est passé ? demandais-je, éberluée par ce prodige.
- J'ai fait une pause, répondit simplement Kaathode.
- Une pause ? reprit Titus.
- Je suis un golem un peu particulier... Pour faire simple, je dispose de certains pouvoirs quand je possède certains objets, notamment celui de jouer avec le temps, le figer, le ralentir, l'accélérer et j'en passe. Mais je vous expliquerai ça plus tard, pour l'heure, tirons-nous de là !
- Et pour Dante on fait quoi ?
- Il a plus important à gérer pour l'instant ! Viens Titus on se casse ! lui répondis-je presque en hurlant.
Nous étions en train de remonter à la surface lorsque le sort de Kaathode commençait à se dissiper. Les gardes de Dante disparurent sans laisser de trace, Kaathode et Titus partirent de leur côté pendant que j'emmenais Narcissa Malefoy en lieu sûr. Nous courrions dans les rues de Londres sous la pluie jusqu'à ma voiture, et - détail insolite - elle n'eut aucune difficulté à ouvrir la voiture et à s'y installer... Cette famille était pleine de surprise.
Je démarrais en trombe, je quittais le parking souterrain dans lequel j'avais caché la voiture. Très vite, je sillonnais la tamise, prenant de la vitesse pour décoller et disparaître dans les nuages. Une heure plus tard, après avoir activé la NAA (Navigation Astral Automatique) nous prîmes nos aises dans la voiture, je fis apparaître une théière et deux tasses.
- Cela vous fera du bien miss. Dis-je toujours dans le but de rassurer une Narcissa qui ne savait plus ou donner de la tête. Elle prit la tasse et but tranquillement.
- Qui que vous soyez, je vous remercie pour ce que vous avez fait.
- Je vous en prie... Mais vous vous doutez bien que ce n'est pas par altruisme que j'ai agi, mais sur commande. J'ai été payée pour vous faire disparaître votre fils et vous.
- Disparaître ?
- Oui... Vous faire disparaître
- Mais qu'est ce que...
- On se détend, vous tuer n'est pas à l'ordre du jour, du moins pas encore. Car dans le cas contraire nous aurions fait sauter les conduites de gaz qui alimentent les bâtiments moldus au dessus du ministère. Et ils n'auraient rien trouvés car aucun sort n'aurait été lancé.
- Je vois... Mais alors... que me voulez-vous ? Où plutôt que me veut votre "employeur" ?
- D'abords que vous viviez... Ensuite ? Des réponses.
- A propos de quoi ?
- Plutôt sur votre mari et ensuite à propos de ce qui se passe en ce moment, de ce climat de folie généralisé.
- De folie ?
Pour toute réponse je lui tendis le journal de la Gazette du Sorcier faisant état d'un nouvel assassinat à Poudlard, une Serpentard, une certaine Nadia Greengrass...
- Mon dieu ! Je la connaissais ! C'est la sœur d'Astoria ! Drago et elle sont la même classe ! J'ai connu toute sa famille... Mais pourquoi ? Pourquoi cette enfant ? Elle n'a jamais touché à la Magie Noire !
- Probablement à cause de l'activité de ses parents...
- De l'activé... Mais c'est insensé ! Certes ils soutenaient certaines idées du Seigneur des Ténèbres, mais jamais ils n'ont été des mangemorts ! ils avaient trop peur de... certaines pratiques...
- Certaines pratiques ? Demandais-je tout en ayant une petite idée de ce à quoi elle faisait référence.
- Je...
Je fixais madame Narcissa Malefoy du regard. Elle sentait comme une terrible pression s'abattre sur elle... sauf que ce n'était pas mon intention... Mais je devais être sûre de moi.
- Madame Malefoy, dans le passé, j'ai été amenée à infiltrer les rangs des mangemorts... De fait on m'a parlé de coutumes ancestrales particulièrement dérangeantes; Héritage de la famille Serpentard originelle. Est-ce bien à ces "coutumes" que vous faites allusion ? Faites un "oui" ou un "non" de la tête.
Elle hochait la tête comme pour confirmer mes pires craintes. Mon Dieu... Quelle chance j'ai eu...
Je me laissais aller sur le volant de l'Audi. Puis soudain une vision... un souvenir qui m'explosait à la figure telle une grenade, comme pour me rappeler ce à quoi j'avais échappé... Comme si... mon subconscient voulait me faire comprendre quelque chose. Mais il n'y avait pas que ça... Tout me revenait dans le moindre détail...
Quelques années plus tôt durant la dernière guerre...
Le temps était lourd, le ciel bas, propice à l'orage. J'attendais à l'aéroport de Gatwick l'arrivée d'un dignitaire de Durmstrang. Il devait rencontrer le Seigneur des Ténèbres dans les plus brefs délais pour discuter des termes d'une alliance entre les mangemorts et une faction extrêmiste : Les Apôtres de Grindelwald. Toute vêtue de noir et de cuir, lunettes aux verres fumés sur le nez, je patientais... accompagnée d'un "ange gardien" : Severus Rogue, le seul, l'unique. Nous nous étions rendus dans la zone magique de l'aéroport. Concrètement, il s'agissait plus d'un point de chute où les sorciers pouvaient transplanner à leur guise sans prendre le risque d'être aperçus par les moldus.
A cette époque, le ministère était pratiquement sous le contrôle de Voldemort, et il y avait bien longtemps que le point de chute de Gatwick était tenu des mangemorts. Si bien que nous pouvions nous montrer sans risque. Les minutes s'écoulaient et le sorcier ne se montrait pas... nous attendions encore... toujours rien.
- Ce n'est pas normal... fis-je de plus en plus méfiante.
- Peut être que les couloirs de transplanage sont saturés.
C'était fort possible compte tenu du nombre de créatures magiques qui transitaient par ces couloirs.
- Inutile de rester là, allons prendre un café, reprit Rogue. Mais je sentais que ce n'était pas pour le café qu'il voulait m'entraîner à l'écart.
- Toi... je sens que tu as une idée derrière la tête, je te préviens je ne suis pas intéressée.
- Moi non plus tu n'es pas mon genre, non je voulais juste te prévenir : ton temps est compté...
- Qu'est ce que tu veux dire ?
Savait-il pour ma couverture ? Dumbledore avait-il jugé Rogue digne de confiance pour lui révéler ma véritable identité ? Impossible de le savoir, le maître des potions était un trop bon occlumens. Ainsi commença une partie de poker menteur entre lui et moi.
- De quoi parles-tu ?
- Tu sais parfaitement de quoi je parle...
Nos regards s'affrontèrent, puis il ajouta :
Ton tour viendra... Les autres ne le comblent plus car ses TOI qu'il veut, c'est toi qu'il désire... Et ses pulsions sont de plus en plus fortes.
- Des pulsions ?
- En effet, il a... "honoré"... pour ne pas dire... violé toutes les femmes de notre confrérie.
- Il les a... violés ?! Toutes ?
- Toutes, sans exception. Certaines, recherchaient l'adulation comme Bella, d'autres agissaient sous la peur comme Narcissa. Mais cela ne s'arrête pas là...
- C... comment ça ? alors que ma main gauche commençait à trembler... cette main que je cachai rapidement sous la table...
- Il s'en prend aussi aux filles de ses mangemorts... Son désir de domination est sans limite.
- Mais comment ai-je pu passer à côté de tout cela ?
- Tu étais en mission très loin du pays, tu n'as vu le Seigneur des Ténèbres que quelques fois. Pour ma part, je le vois tous les jours et crois-moi il veut t'inscrire sur son tableau de chasse. Je le redis : tu es son obsession... Mais tu n'étais jamais là... tu étais loin... dans des pays où la magie même n'était pas praticable et il le savait... cela le rendait plus fou encore... Bella et les autres ne lui suffisaient plus, alors ils lui ont livré leurs enfants... enfin leurs filles et elles y sont passés, toutes : Parkinson, Warrington, Malefoy...
- Malefoy ? demandais-je. mais Lucius n'a pas de fille...
- ...Mais une nièce, avec les mêmes cheveux blonds, les mêmes yeux gris... elles ont toutes passé au moins une nuit avec le Seigneur des Ténèbres et parfois même plusieurs... En attendant TON retour.... Imminent.
- Bien... Dis-je en restant stoïque. J'apprécie ta prévenance, mais je te connais suffisamment pour savoir que tu ne lâches jamais une information sensible sans compensation. Quelles sont tes motivations ?
- Nous pouvons nous aider mutuellement...
- C'est-à-dire ?
- Ta mission était de jeter les bases d'une alliance entre le Seigneur de Ténèbres et les Apôtres de Grindelwald. J'ai quelques amis dans cette faction, je pourrais leur demander de rajouter quelques points sur lesquels vous devez trouver un arrangement... retardant donc ton départ, ce faisant te laissant un peu de temps pour te retourner et sauver ta peau... Enfin ton corps.
- Et qu'est ce que tu attends de moi en échange ?
Pour toute réponse, il me montra une photo représentant une jolie brune aux yeux d'un vert profond d'environ quinze ans. Je comprenais pourquoi il était inquiet maintenant. Je lançais un regard à Rogue. Comme à son habitude, ses traits étaient figés, mais je lisais dans ses yeux qu'il m'implorait de l'aider.
- Sauves-là. Ne le fais pas pour le mangemort que je suis, fais-le pour la fille innocente qu'elle est encore! Elle mérite beaucoup mieux que ça. Je ne veux pas qu'elle serve de jouet sexuel.
Comme je le comprenais... elle était vraiment mignonne et au-delà de ça, pourquoi les choix de son père devraient la condamner elle ?
- Très bien j'accepte, je prendrais les mesures adéquate pour garantir sa sécurité. Où est-elle ?
Il me tendit une lettre que je pris et comme précaution supplémentaire, alors que nous nous levions, il prit sa baguette pour extraire le souvenir de cette conversation. Souvenir qu'il mit dans une fiole et me la remit en main propre. Entre-temps le dignitaire en question venait d'arriver.
- Mon seigneur, je vous adresse mes salutations et vous souhaite la bienvenue dans notre pays. Commença Rogue.
Puis je me vis les accompagner, alors que la scène semblait disparaître... je les accompagnais et sortions de l'aéroport...
Soudain je me réveillais... je revenais à la surface, Narcissa Malefoy me regardait avec un air étrange...
- Vous aviez l'air perdue dans vos pensées... je ne savais quoi faire.
- Vous n'aviez rien à faire. Je sais ce que vous avez subie durant ces années...
- Comment pouvez-vous savoir ?
- Parce que moi aussi j'ai failli subir le même sort. Vous avez le choix : vous choisissez de me faire confiance et répondez à mes questions, ou vous refusez de m'aider et dans ce cas nous n'avons plus rien à nous dire et je vous dépose dans le premier village.
Je savais bien que mon approche était sûrement trop directe, mais d'un autre côté j'avais très peu de temps devant moi. Elle est probablement la clé qui me permettra de découvrir les plans de Malefoy senior. Après un certain temps d'hésitation, elle choisit de me faire confiance. Enfin une victoire dans cette nouvelle guerre !