Acte II : Une main sur le cœur...
Le lendemain, je fis ma valise et en préparais une pour Hermione. Elle avait toutes les peines pour se lever, c'est pour cette raison que je lui tendis une potion de force. Nous prîmes la voiture et fonçâmes à l'aéroport.
Une fois sur place, je demandais un fauteuil pour handicapé et fis asseoir Hermione. Ensuite je lui trouva des béquilles. Il fallait faire passer sa blessure magique pour une blessure moldue. Pas évident. Je pris deux billets d'avion en première classe et quelques heures plus tard, nous décollâmes pour Naples.
Il y eut juste un petit imprévu dans ce vol, c'est que je me voyais mal donner des potions à Hermione dans l'avion on risquait de me prendre pour une terroriste... J'ai suffisamment vécu avec les moldus pour savoir à quel point ils peuvent être idiots parfois... en désespoir de cause, je ressortis mon journal et je me plongeais de nouveau dans mon passé Enfin du moins ce que j'avais pu récupérer. Pour quelques heures seulement...
Les souvenirs me revenaient parfois sans prévenir, je n'ai jamais su comment Rex m'avait dépossédé de mes souvenirs... une énigme de plus à résoudre... je regardais Hermione alors que l'avion nous emportait vers l'Italie, elle s'était endormie, paisiblement... enfin presque, comment peut-on trouver l'apaisement après ce qu'elle venait de vivre ? Et Greyback... j'ai beau y réfléchir je ne vois toujours pas pourquoi il a pris le risque de sortir de l'ombre et de s'attaquer à la meilleure amie d'Harry Potter, à moins que cela ne soit que pour l'atteindre lui... mais dans quel but précisément ? Ou peut-être est-ce uniquement pour le plaisir de faire souffrir les autres ? Je ne sais pas...
A mesure que je réfléchissais et que l'avion prenait de l'altitude, je m'installais confortablement dans le siège et sombrais petit à petit dans le sommeil. Il fut plus qu'agité, j'avais peur de ce que j'allais trouver à Naples, cela faisait des années que je n'y étais pas retourné. Le mal d'Hermione était certes soignable, mais malheureusement pas partout et encore moins dans l'anonymat, surtout pour Hermione Granger. Qui plus est, je ne veux pas que Greyback soit sur ses gardes si je veux avoir une chance de le coincer. De ce fait, me voila obligée de réactiver certains de mes circuits parallèles... Les plus dangereux bien évidement.
J'ai envoyé un chronohiboux à Mogora de Pretenza afin qu'il m'arrange une audience avec certains membres de sa "famille", et je sais que quelques soit la nature de l'aide qu'ils pourront m'apporter, je sais que cela ne sera pas gratuit... Mogora ne pouvait pas être plus clair. Je sortis alors le parchemin qu'il m'avait envoyé et le relu encore une fois...
Ma chère Emiliana,
J'ai bel et bien reçu ta lettre, et je suis vraiment navré d'apprendre le malheur de ton amie... néanmoins je crains que cette fois-ci tu n'agisses sous le coup de l'émotion et non de la raison. La famille Pretenza comme tu le sais n'est pas une famille de sang, et se rapproche davantage de la confrérie. Les quelques personnes pouvant t'aider sont rares et beaucoup au sein de la famille n'ont pas oublié l'efficacité meurtrière dont tu as fait preuve à notre encontre lors de la dernière guerre. Qui plus est, ils se moquent royalement de savoir dans quel camp tu étais... Sois sûre que le prix à payer sera élevé. De plus, il est vital que tu découvres au plus vite les machinations de Lucius Malefoy et je ne vois pas comment tu puisses y parvenir une fois dans la tombe... Contrairement à ce que beaucoup de gens croient, la guerre n'est pas finie.
Néanmoins, j'ai dépêché un émissaire à Naples afin d'annoncer et ton arrivée ainsi que tes motivations. Tu te demanderas sûrement pourquoi j'ai agi ainsi, surtout après ce que je viens d'écrire. Saches que je te connais depuis longtemps, et je sais que lorsque tu as une idée en tête, tu n'abandonnes jamais, quitte à en mourir. C'est d'ailleurs que j'ai toujours admiré chez toi. Aujourd'hui, je sais à quel point la solitude te pèse... Espères-tu en venir à bout en sauvant cette jeune femme ? Je l'espère pour toi mon enfant... j'espère que tout cela ne sera pas fait en vain.
Le Consigliere Luchiano Fabrizzi viendra vous récupérer à l'aéroport moldu et vous emmènera directement à la villa. Le soir même, je me rendrai à l'Abbaye de Vicence afin d'y allumer une cierge. Vous aurez besoin de toute l'aide possible.
Avec toute mon affection,
Mogora de Pretenza
Je lus et relus cette lettre, jusqu'à ce que je fus interrompue par l'hôtesse nous demandant d'attacher nos ceintures pour l'atterrissage. A mesure que l'avion ralentissait, mon appréhension grandissait, mes mains en venaient à trembler. J'étais en proie à un violent conflit maintenant que j'étais à Naples, je me demandais ce que je foutais là, alors que je devrais être à Genève sur la piste de mes souvenirs perdus, ou encore sur celle de Malefoy ! Mais non au lieu de ça, j'allais me jeter dans la gueule du loup ! Ainsi pensait Emiliana.
Mais d'un autre côté je ne pouvais pas la laisser... pas comme ça... je sais ce que cela fait d'être abandonné avec un fardeau plus lourd qu'une enclume... Ainsi pensait Aurora... Et c'est elle qui a prit la décision finale... Emiliana comme souvent accepta son sort.
Je sortis de la zone d'embarcation et je vis un homme sombre habillé d'un costume Armani, un long manteau de cuir, je reconnu la baguette d'un noir de jais avec des reflets rouges, signe distinctif de la famille Pretenza, Luchiano Fabrizzi.
J'avais entendu parler du Consigliere Fabrizzi, il est l'un des rares à m'avoir vaincu sur mon propre terrain, on dit qu'il ne passe jamais de contrat sur la tête de ses ennemis... En effet il a toujours préféré s'en occuper lui-même. Sa simple présence me faisait froid dans le dos, et que dire pour Hermione qui elle était carrément morte de peur. Il nous fit entrer dans une Maserati noire aux vitres teintées qui démarra aussitôt.
Très rapidement, nous étions sur les bords de l'adriatique, nous nous rendions vers un petit monastère, une monastère que je reconnaissais bien, il s'agissait de celui du Père Bottiglionne, celui qui m'a recueillis après l'assassinat de mon père, il était méconnaissable... les murs ont été rénovés, les vitraux étaient resplendissants, à l'intérieur, en revanche ce n'était pas du tout tel que je m'en rappelais, des chambres avaient été aménagées, derrière l'autel, se trouvait un immense rideau pourpre.
Un rideau qui cachait une immense porte en bois massif.
- Veuillez attendre là. Le Conseil va vous recevoir.
- Le... Conseil ? demanda Hermione, toujours en proie à la peur.
- Laisse tomber fis-je alors que je dévisageais Fabrizzi.
Des fauteuils se trouvaient à côté de la porte de bois. Je fis assoir Hermione et lui remis une solution d'argent liquide, afin de retenir la contamination. Cependant, les minutes s'écoulaient, avec une lenteur insupportable. Hermione ne comprenait toujours pas ce qui allait lui arriver, et moi je me demandais encore quel prix j'allais payer pour leur aide. Soudain des sorciers vêtus de noir sortirent de nulle part, et nous dévisagèrent avant de s'adresser à nous.
- Le Conseil vous attend. Hâtez vous.
Pendant que deux sorciers veillaient sur nous, les deux autres actionnèrent la porte massive et nous firent entrer.
La salle était spacieuse, des sièges taillés à même la roche étaient disposés en cercle et nous faisaient face. La salle était plus ou moins éclairée par la lumière rougeâtre filtrée par les vitraux. Sinon, des torches illuminaient les recoins de la salle. Des citations latines étaient gravées à même le sol telles des runes éternelles. Elles aussi luisaient d'un rouge presque maléfique. Ce lieu, chargé d'histoires sanglantes était aussi gorgé de magie. Je le sentais et cela m'effrayait un peu. Pourtant, ce n'était pas la première fois que je faisais face à ce type de situation... à ceci près que l'enjeu n'était pas le même.
Faisaient face à nous les douze prélats qui dirigeaient la famille Prétenza, cette famille qui ressemblait plus à une armée privée qu'à une véritable famille. Mogora avait été très indulgent en la comparant à une confrérie. Je fus tirée de mes pensées par l'un des prélats qui ouvrit la séance.
- Mes paires ! Comme vous pouvez le constater, une de nos ennemies est en visite ! Elle s'est même permise de nous amener son faire-valoir !
Des rires, s'échappèrent de la salle, il ne fallait pas répondre, je devais penser à Hermione qui devait impérativement être soignée. Et je savais que celui qui avait lancé l'attaque n'était pas le plus influent des douze. Au contraire, les puissants, ont le silence pour maître mot. Ils l'imposent aux autres mais se l'imposent aussi. Et je sentais qu'ils m'observaient, je faisais mon possible pour garder mon sang-froid pendant qu'Hermione se faisait toute petite. Soudain, l'un d'eux choisis de parler.
- Audentes fortuna juvat .
Je souriais. On m'avait dit qu'ils aimaient bien commencer avec une citation latine. Peut être pour faire genre. Mais en l'occurrence je me rendais compte à quel point cette citation collait parfaitement à la situation. Puis il continuait.
- Il faut beaucoup de courage... ou de désespoir pour venir ici après les séquelles infligées, beaucoup ici ont de la mémoires, beaucoup souhaitent ton exécution. Qu'attends tu de nous ?
- Je ne suis pas venue pour moi... je suis venue pour elle.
- Expliquez vous, demandait alors une prélat sur la droite, dont la silhouette devaient être aussi gracile que la mienne (sûrement une elfe, ou une vampire).
- Elle fut... souillée par un loup-Garou...
Il y eut un silence de mort.
- Par morsure ? demanda alors l'un des prélats.
- Justement non... Par viol !
- Emiliana ! comment tu peux balancer...
- Boucle-la Hermione ! dis-je entre mes dents avant de me tourner vers les prélats. Vous êtes les seuls à ma connaissance à pouvoir la libérer de la corruption qui ravage son corps.
- Si nous le pouvons, sûrement, si nous le voulons... Pour quel intérêt ? Cette sorcière n'est pas une Prétenza, ni même une amie de la Famille Prétenza. Qui plus est je ne crois pas me souvenir que tu sois suffisamment appréciée de notre Famille pour obtenir une telle faveur.
- J'entends ce que vous dites. Je sais que je vous ai causé du tord. Aussi je souhaite plaider ma cause devant la Coupole de la Famille Prétenza. Je m'engage sur ma vie et surtout mon honneur et celui de mon nom, De Winther, à vous dire la vérité, juste la vérité, rien que la vérité. M'y autorisez-vous ?
- Accordé.
- Il est vrai, quatre de vos frères sont tombés sous mes coups. Mais ces derniers ne sont pas morts en tant que représentant de l'honorable Famille Prétenza, mais en tant que mangemorts et serviteurs de Lord Voldemort. Seigneur qui, certes, n'était pas un ennemi direct, mais il n'était pas un allié pour autant. J'en veux pour preuve le pillage par ses serviteurs de vos comptoirs financiers à Londres et Birmingham. J'ignore si vos quatre frères se sont engagés aux côtés de Voldemort par adhésion à sa vision du monde ou par simple intérêt pécunier. Parlant sous votre contrôle, le Codex Prétenza, prévoit que la Force et la Magie doivent être au service du Clan et uniquement du Clan Prétenza et de ses intérêts. Or, lorsque nous nous sommes affronté, c'est en tant que serviteurs de Voldemort qu'ils se sont présentés à moi, et c'est en son nom et non du vôtre que ces derniers ont levé leur baguette sur moi. L'honnêteté et le serment que je vous ai prêté m'oblige à vous dire que je n'ai pas de preuve matérielle à vous soumettre, seulement un souvenir, partiellement dégradé que je peux vous remettre en guise de bonne foi.
- CALOMNIES ! MENSONGES ! Toi, Emiliana de Winther, tu as porté atteinte à notre famille ! Notre Codex exige une vendetta, implacable ! Notre honneur l'exige !
La voix ne venait pas du conseil, mais de derrière moi, en effet, d'autres membres du clan se sont assemblés, car au sein du Clan Pretenza, beaucoup de réunions du conseils sont ouvertes au reste du clan, si bien que tout le monde peut y assister et suivre les discussions en cours. Beaucoup sont venus voir "celle qui à porté le magie contre le clan". Un membre est sorti de l'assemblée, il me regardait droit dans les yeux, son visage déformé par la fureur.
- Le Codex prévoit également d'entendre intégralement la parole sous serment, d'où quelle vienne, fusse-t-elle d'une ennemie. De fait, tes accusations sont prématurées, reprit l'une des Prélats avec un ton qui mettait un point final à cette discussion.
Elle se tourna ensuite vers moi, me toisa d'un regard perçant.
- Tu prétends pouvoir prouver tes allégations ? Car tu sous-entends que nos frères se sont rendu coupables de concussion et de trahison envers le Codex.
- Je peux le prouver, dis-je en extrayant le souvenir avec ma baguette... Mais ce que je veux démontrer d'abord, c'est que je n'ai jamais souhaité porter tort à la Famille Prétenza et encore moins à ses intérêts !
La prélat, fit un mouvement des doigts et mon souvenir, accroché à ma baguette se détacha, il se répandit telle une fumée argentée au milieu de salle du Conseil. Soudain, la scène se matérialisa, et nous assistions, au combat qui m'a opposé aux quatre mangemorts cités. Le conseil vit à quel point ils avaient changé, Comment ces derniers utilisaient la puissante Magie des Pretenza, non pas au service du clan mais au service de leurs intérêts privés. La vérité... Rien que la vérité, et cette dernière peut coûter cher...
Soudain, le temps semblait s'être figé... Puis je vis du sang... du sang ? Oui... mon sang... je sentais un froid s'insinuer en moi. Quelque chose de glauque. Je sens... non, j'ai l'impression que l'air est vicié... puis je sentis une présence vampirique, elle s'approchait de moi, lentement... pas à pas... Puis je sens son soupire glacé, puis ce fut son aura vampirique que je sentis. Elle sapait mes défenses mentales. Je ployais sous sa puissance quand enfin en dernier lieu , je sentis ses dents sur mon cou, juste au niveau de la carotide... et tout s'accéléra. Elle s'abreuvait de mon sang, mais bizarrement, il n'y avait pas de douleur, pas de souffrance, c'était même le contraire, je ressentais même du plaisir et de la volupté.
- NOOOOOONNNNNNNN ! Hurla Hermione de toutes ses forces tandis que plusieurs sorciers vêtus de noir s'approchaient d'elle pour l'emmener.
je n'entendais même plus Hermione qui se battait encore contre ses geôliers et qui me voyait à genoux en train de me faire saigner, mais avec un sourire de béatitude. Mon sang s'écoulait, de ma bouche, à mesure qu'elle me saignait à blanc, jusqu'à l'effondrement. Oui la vérité coûte cher... Pour tout le monde.
Alors que je perdais la vue ainsi que l'ensemble des mes sens, je sentis une main puissante me projeter au sol. Je baignais dans une marre de sang... mon sang... j'avais à peine la force pour lever un œil. Je vis Fabrizzi saisir par la gorge celui qui m'a saigné pour la lui arracher avant de jeter son cadavre telle une poupée de chiffon contre le mur.
- Nulle ne peut exécuter qui que ce soit sans approbation des prélats... Traître...
Il se tourna vers moi, la dernière étincelle de vie s'évanouit de corps, mes iris devinrent vitreuses. Il me plaça sur le dos, les mains sur le ventre, telle une reine défunte. Il posa un dernier regard sur moi.
- Addio, mia cara. Sia fatta la tua ultima volontà
De facto, Fabrizzi convoqua les médicomages d'un claquement de doigt. Ils administrèrent une potion à Hermione pour ensuite l'emmener pour (je l'espère) la sauver du mal qui la ronge de l'intérieure. Si cela marche, eh bien moi, Emiliana de Winther j'aurai au moins donné une chance à une vie de se reconstruire... Mais une vie, cela parait si peu par rapport à toutes celles que j'ai détruites à travers les siècles.