CHAPITRE 05 : Aurora Borealis

Je fus bien sûr l'une des premières à me pointer dans la grande salle pour déjeuner. Je pris alors mes aises, pour lire la Gazette du Sorcier. Il n'y avait rien de bien intéressant: des louanges et encore des louanges sur l'action héroïque de l'élu... pas étonnant qu'il prenne la grosse tête, le pauvre... et personne pour le recadrer. J'espère juste que le prix à payer ne sera pas trop élevé...

Cela dit, je me demandais quand même ce que faisaient les autres. Mais c'est en regardant ma montre que je vis qu'il était cinq heure du matin ! Voila un des effets secondaires de participer aux guerres moldus ! On te lève durant la nuit pour partir au combat à l'aube ! Je finissais alors mon petit déjeuner puis je filais vers mon occupation favorite : mon passé, qui se révélait de plus en plus incertain.

19 août 1742
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Cette fois je n'en pouvais plus ! Plus personne ne me faisait confiance ! Par trois fois j'ai tenté de m'enfuir et par trois fois je me suis faite surprendre ! Je ne peux plus vivre cloitrée entre quatre murs, mais alors que je perdais tout espoir de quitter un jour cette chapelle minuscule le père Bottiglionne apparut sur le seuil de la porte de ma chambre. je ne vis aucune colère mais plutôt de la compréhension. Il vint s'asseoir sur le lit à mes côtés... je trouvais qu'il avait les traits tirés et le visage émacié comme s'il revenait de la guerre. Ses paroles furent les suivantes. J'ai pu les retrouver dans les archives de la chapelle: une des chroniques de Don Vicenzi, le maître chapelain de l'époque.

Il est possible qu'il y ait quelques inexactitudes compte tenu du fait que les paroles d'origines furent écrites en latin.
- Les temps sont durs, la guerre gronde...
- La guerre ?
- Certes, je reviens de Naples, la flotte anglaise est présente dans le port et en force.
- Mais.. quare ? (en latin antique ce devrait être "pourquoi" mais en latin médiévale.)
- Empêcher Don Carlos de soutenir les autrichiens dans leur guerre de succession contre les prussiens et les français...
- Carlos? le roi d'Espagne ? De la famille des Habsbourg ?
- Ipse a um (lui-même, si on s'en réfère au contexte de la conversation).
- Très bien alors que fait-on ?
- L'Europe s'enflamme... je crains qu'il nous soit impossible de t'envoyer en Angleterre... pas en ces temps de guerre.

Je comprenais ces peurs, nous entendions des rumeurs de cette guerre qui ensanglantait une partie de l'Europe. Mais il y a une chose encore que je n'ai pas tenté Je parlais très bien l'anglais avec pratiquement aucun accent. Non, malgré les risques je vais tenter ma chance. Dés que possible.

22 septembre 1742
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Je suis parvenue à fausser compagnie à mes anges gardiens de la chapelle. La patience a porté ses fruits ! Je suis parvenu à endormir leur vigilance. Cependant j'ai quand même tenu à expliquer mon geste... aussi fou soit-il. En plus de l'envie de revoir ma mère, j'avais une furieuse envie de voir le monde, de changer d'air... mais plus important que tout, je sentais au plus profond de moi-même que j'étais quelque peu... différente, je dirai pas non-humaine, mais différente, ces quatre dernières années, ma silhouette comme mon visage... ma morphologie en générale se sont affinés, le bleu de mes yeux est devenu plus fort, et surtout les hommes me regardaient constamment avec convoitise comme si je les attirais mais avec une force et une violence irrépressible... c'est dur à dire mais j'ai peur... je ne sais pas ce qui m'arrive. Je faisais alors tout mon possible pour mettre ces doutes de côté.

Une caravane avait accepté de me prendre et de m'emmener à Naples. Discrètement je pourrai me faire passer pour... je ne sais pas... un marin, une réfugiée ? Pourquoi pas ? Et embarquer pour l'Angleterre. Quelle idiote j'étais.

23 septembre 1742
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J'étais à Naples, malgré la présence de la flotte anglaise, la vie suivait son cour et la ville grouillait d'activités, je n'avais jamais vu autant de monde même à Florence.

Je cherchais un endroit où me loger. Ce genre de question jusque là, je n'avais jamais eu à me les poser et une fille encore un peu innocente et naïve de vingt ans dans une si grande ville... cela ne peut qu'attirer l'attention et les ennuis. La nuit tombait rapidement et je ne savais toujours pas où dormir, je sentais mes jambes m'abandonner, puis j'entendis une voix, qui me glaçait le sang...

le souvenir ici présent comme d'autres dans ces mémoires fut intégré directement par magie afin d'être sûr d'oublier aucun détail. Ce genre de procédé bien douloureux est très efficace surtout quand le souvenir marque votre chaire à jamais.

******** (=) Flash lumineux (=) ********

- On s'est perdu ?

- Non. Répondis-je.

- T'es sûre mignonne ?

- Sûre. Répondis-je.

La voix se faisait de plus en plus proche, de plus en plus traînante. Puis je vis des ombres, au moins cinq, je commençais vraiment à avoir peur mais je le cachais du mieux que je pus. L'un d'eux alluma une torche, et vis mon visage apeuré trop tard, le bluff ne pouvait plus fonctionner, cette fois j'étais vraiment mal...

Sachant que j'étais sur les quais en pleine nuit, personne ne viendra à mon secours, j'étais donc livrée à moi-même, enfin surtout à ces porcs qui me considéraient plus comme une friandise qu'autre chose. L'un d'eux se décida à passer à l'attaque, ayant anticipé, je sortis un poignard de ma manche et lui entaillais la joue.

Je pensais que cela les calmeraient et les tiendrait à distance mais ce fut tout le contraire qui se passa ! Ils se ruèrent tout les cinq sur moi. Le plus petit devait faire le double de mon poids et en largeur, j'avais beau tenter de me défendre avec mon poignard, mais ils parèrent toutes mes attaques, il devait s'agir de déserteurs de l'armée anglaise ou napolitaine. Mon dieu, oui car pour la première fois j'implorais dieu de me sortir de là! ils commencèrent à me toucher, tentèrent de me de m'arracher mes vêtements, je me battais de toutes mes forces, - la rage de la survie, cela sera plus tard l'une de mes armes favorites - au bout de quinze minutes ils parvinrent à m'immobiliser, ils étaient trois à me tenir les deux autres commencèrent à dégrafer leur pantalon.

A mesure, qu'ils s'avançaient vers moi, mon rythme cardiaque déjà bien élevé, s'accéléra encore et encore puis je sentis une violente rage, une envie de sang, une puissante folie meurtrière...

le bleu de mes iris vira au violet sombre, mes yeux devinrent étincelants... en un instant, mes forces décuplèrent, puis je saisis un bras de deux de mes agresseurs que je brisais net, je saisis le troisième par la gorge puis je le projetais contre un mur... si violemment que sang et organes furent répandus partout sur les murs et sur les mètres avoisinants, les deux autres ne prirent même pas le temps de remonter leur pantalon alors qu'ils tentèrent de s'enfuir, mais l'un se prit les pieds dans les manches de son pantalon et trébucha.

Il était mort de peur. Je sortis alors mon épée de mon sac et le décapita sans aucun état d'âme pour ensuite lécher la lame et humer avec plaisir l'odeur métallique du sang. Quant au dernier, qui tentait de s'enfuir, je le rattrapais très facilement. C'était l'homme à la voix traînante. D'un coup de pied bien placé, je lui détruisis sa première rotule puis la deuxième pour ensuite le jeter dans l'eau glacée, il a intérêt à avoir beaucoup de force dans les bras s'il ne veut pas couler... Il avait le choix entre mourir noyé et mourir de froid.

C'est ainsi que j'accomplis mon premier quintuple homicide, bien que cela fut de la légitime défense. Je regardais par terre et je vis une lueur violette. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. J'avais l'impression que cela venait de mon visage... rapidement je pris mon sac et sortis un miroir. Et ce que je vis faillit me faire mourir de peur.

Je voyais mes yeux étincelants avec des iris violets... mais cela semblait s'estomper. Rapidement je retrouvais mes yeux bleus mais comme si cela ne suffisait pas je vis mon reflet dans le miroir... mais mon reflet conservait ces yeux démoniaques. Et pire encore, il m'adressait la parole.

- Bonsoir Aurora.

- Mais... non ce n'est pas possible... je deviens folle !

- Non petite, ce n'est pas un choc lié au traumatisme que tu viens de vivre.

- Mais alors qu'est-ce ?

- Je suis toi, tu es moi... Nous ne faisons qu'un.

- Mais... non je n'ai pas ces yeux et je n'ai pas cette voix froide et assassine!

- Et pourtant tu es une tueuse...

- QUOI ? COMMENT OSES-TU ? JE N'AI J...

- Regarde donc autour de toi... reprit le reflet du miroir.

- Non ce n'est pas vr... un, deux... trois... QUATRE CADAVRES !

- plus un cinquième dans les eaux du port... Et tu ne les as pas ratés.

- Mais...

- Ils allaient tenter de nous violer, nous devions agir. Avant que tu ne poses la question, j'ai toujours fait parti de ton être Aurora et par conséquent, j'ai toujours veillé sur toi...

- Mais comment ?

- Tu ne t'es jamais demandé d'où provenait cette adresse à l'épée, cette détermination dans le combat, cette farouche indépendance ? dans ces situations c'est moi qui m'exprime.

- Quand tu te plonges dans les livres, dans le savoir, quand tu fais preuve de compassion et de douceur, c'est toi, Aurora qui t'exprimes, et tour à tour nous nous exprimons et il en est ainsi depuis notre arrivée sur ce monde.

- Mais nos... personnalités sont complètement opposées... tu le dis toi-même, comment-est-ce possible, et d'où te viens de tels yeux ?

- Je ne sais pas ma pauvre, bon nombre de mystères entourent notre naissance.

- Mouais... et comment je peux être sûre que c'est moi Aurora Spimello qui a bien le dessus ? Et que tu n'es pas en train de me trahir ?

- Tu n'es pas une lombarde pour rien, répliqua mon double avec certain sourire. La meilleure façon d'en être sûr, c'est de regarder dans le ciel.

Chose que je fis... et des aurores boréales étaient apparues. Et ce n'est que maintenant que je fis le lien... après chaque conflit avec mon père, il m'emmenait voir le ciel, et me montrais les aurore boréales, et je redevenais la douce Aurora qu'il avait toujours connu...

c'est donc ça... les dispositions dont parlais Bottiglionne... malgré la nuit, tout s'éclaircissait. Je me tournais vers mon double qui me sourit.

- Tu sais maintenant pourquoi tu t'appelles Aurora maintenant ?

- Oui... mais toi alors comment tu t'appelles ?

- Chaque chose en son temps... Pour l'heure, tu peux te contenter d'Emiliana...

Puis ce fut un silence de mort. Réalisant que j'étais toujours entourée de cadavres je quittais cette rue malfamée pour trouver discrètement refuge sur un navire à quai battant pavillon anglais.

******** (=) Retour au présent (=) ********

- Emi... Emiliana... OH ! On se réveille!

Je sursautais, prise par surprise et prête à annihiler le vilain qui hurlait dans mes oreilles.

C'était Roger Davies, l'un des joueurs de l'équipe de Quidditch de Serdaigle, apparemment j'étais tellement prise dans l'écriture de mon journal que je ne fis attention à personne.

- Ouais ça va! Pas la peine de gueuler comme ça qu'est ce que tu veux ?

- Oh, moi rien dit-il en souriant. Mais il va falloir aller en cour d'astronomie. La vieille Sinistre nous attend avec impatience.

- Ok merci.

- Pas de quoi.

Moi qui parlais d'aurores boréales il y a juste quelques minutes j'ai pas finis d'avoir la tête pointée vers le ciel. Mais j'y pense, ce Roger Davies, c'est le fameux capitaine de l'équipe de Quidditch de Serdaigle ? Il faudra que je me renseigne pour le poste de capitaine, cela devrait mettre un peu de piment dans ma vie d'authentique étudiante de Poudlard.