CHAPITRE 23 : Aurora contre Emiliana

Je sentais de nouveau les souvenirs affluer en moi, mais je sentais aussi autre chose... La peur ? Je l'ignore. Voyons cela de plus près.

Août 1756... Non loin de la Baie de l'Hudson, aux abords du Fort d'Oswego
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Des explosions... un ciel d'encre. Des lueurs d'un rouge sanglant et une forte odeur de poudre à canon. Je suis là, tapie à l'ombre d'un bosquet. De ma position je pouvais apercevoir les lignes françaises, ils étaient en train de déployer des mortiers de 15 pouces afin d'écraser les dernières défenses anglaises.

La question que je me posais était comment ils allaient procéder pour estimer la distance entre les pièces d'artillerie et les murs du fort, de nuit, sans points de repère, en fait je venais à me demander comment j'allais entrer dans ce maudit fort. La raison qui m'amenait à me jeter dans cet enfer était qu'il y a quelques mois, une colonne de soldats anglais a ratissé toutes les terres environnantes de la Baie de l'Hudson et ont capturé tous les hommes qu'ils ont pu trouver en vue de les incorporer dans une milice coloniale nouvellement créée pour lutter contre son rival colonisateur : le Royaume de France. En effet la Guerre de sept ans venait d'éclater sur ce continent. Loup Gris avait été capturé avec bon nombre de colons.

Les Ottawa voulurent attaquer la colonne anglaise, mais avec l'aide de Sullivan, je parvins à convaincre les sages des Ottawa de se retenir, craignant les représailles de la couronne britannique. Cependant je ne pouvais pas non plus le laisser se faire tuer par les mortiers français. A l'aide d'une longue vue je pouvais apercevoir les boulets explosifs réduire en miette la garnison anglaise. Je sentais une larme perler. Il fallait au moins que je tente quelque chose. Avec l'aide de Sullivan je choisis alors de m'infiltrer grâce à une petite rivière qui longeait le fort britannique. Lentement mais sûrement je me glissais dans l'eau glacée de la rivière je laissais sur la berge mes armes à feu car inutiles après un passage dans l'eau.

Cependant, les Ottawa m'avaient fait don d'une sarbacane avec des flèches empoisonnées. Le mauvais karma peut frapper n'importe qui, me disaient-ils le plus sérieux du monde. Les soldats anglais étaient trop occupés à tenir l'armée française en respect...

- Canonniers ! A vos pièces ! A mon commandement ! Feu !

Alors que j'arrivais sur la berge opposée je vis la salve de boulets britanniques s'écraser sur les lignes françaises dont la riposte ne se fit pas attendre. Mais là, l'horreur put se lire sur mon visage lorsque je vis que les français employèrent des boulets explosifs... les premiers s'écrasèrent devant les murs du fort... la deuxième salve s'écrasait alors sur les murs mais un autre boulet tomba alors près de nous... nous fument alors projetés à plusieurs mètres. Je vis alors que Sullivan avait le visage en sang alors que moi j'avais un éclat de métal planté dans le flan. Je me trainais alors vers Sullivan qui se couvrait le visage de ses mains et hurlait à la mort. Je fis mon possible pour enlever ses mains de son visage. Mais ce que je vis m'horrifia... son visage était mutilé par la mitraille du boulet... je ne savais pas quoi faire, je regardais autour de moi en quête de quelque chose qui pourrait m'aider... mais je vis alors des torches s'approcher de moi, puis des tuniques rouges.

En quelques secondes je fus entourée de mousquets. Puis un officier s'approcha me prit par le bras et ordonna à ses hommes de transporter Sullivan. Longeant discrètement le mur, nous arrivâmes à un passage souterrain qui était pour l'instant épargné par l'artillerie française. J'étais maintenant dans le fort. La place centrale était plus agitée qu'une fourmilière et grouillait de soldats, de blessés mais aussi de cadavres. Je regardais autour de moi, puis j'entendis une voix familière...

- Aurora ! Aurora !

Je lançais des regards dans toutes les directions, pour voir ensuite Loup-Gris sur l'un des murs d'enceinte.

- Loup-Gris ! Hurlais-je en joie alors qu'il descendait du mur pour courir vers moi.

- Mais qu'est ce que tu fais ici ? je te croyais en sécurité chez les Ottawa !

- Et moi je te croyais capturé par les anglais !

- Non, bien-sûr que non, c'est une rumeur colportée par les français ! Ensuite je suis autant anglais qu'Ottawa, je ne pouvais pas les français massacrer les miens !

- Mais vous courrez au massacre ! Les français sont trop nombreux ! et leurs canons sont plus gros que les vôtres.

- Mademoiselle, nous devons vous envoyer auprès de colonel Mercer.

J'obtempérais. C'est ainsi que je vis le colonel Mercer pour la première fois. Il avait le visage un peu cireux, les cernes laissaient paraître un manque patent de sommeil. Il était en train de consulter des cartes de la région et semblait désespéré.

- Je vous souhaite la bienvenue à Oswego mademoiselle. Lança alors le colonel avec une caverneuse. J'aurai souhaité vous accueillir dans de meilleures circonstances...

- La situation est elle si grave que ça ? demandais-je.

- La situation est claire, malgré le rapatriement des garnisons de Fort Ontario et de Fort George, nous sommes en infériorité numérique. Les canons de Montcalm sont plus gros que les miens et il en a plus que nous. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il nous écrase d'autant que ses alliés amérindiens ont sabotés nos voies de ravitaillement.

La conversation fut interrompue par l'arrivée d'un lieutenant britannique.

- Mon colonel, ils ont fait une percée, ils arrivent...

- Alors allons-y, reprit alors le colonel en dégainant son épée, messieurs les français, nous vous attendons !

Les heures qui suivirent furent très éprouvantes autant pour moi que les assiégés. J'étais aux côtés de Loup Gris à tenter de repousser les soldats français qui s'approchaient inexorablement. Le colonel Mercer n'étais pas loin et se battait aussi avec courage, mais alors que je le regardais je le vit prendre une balle en pleine tête et tomber à la renverse du mur d'enceinte. La nouvelle de la mort du colonel se répandait comme une traînée de poudre. Je vis alors des miliciens quitter leur poste hurlant que la bataille était perdue, chose que je pensais depuis un moment. Je me tournais alors vers Loup Gris et je le suppliais de quitter le fort.

- Non ! Me disait-il. les troupes anglaises préfèreront nous abattre pour désertion...

Je vis que les faits lui donnaient raison. En effet, plusieurs miliciens se firent abattre et ce malgré l'attaque française. Je vis alors le lieutenant britannique que j'avais croisé dans la loge du colonel en train d'essayer de manœuvrer ses troupes. Mais c'était le chaos le plus total, personne n'entendait ses ordres. C'est alors que je vins à lui, pour l'implorer de hisser le drapeau blanc afin de permettre à la garnison de s'en sortir vivante, mais rien à faire, il ne voulait rien savoir.

Je sentais la colère monter, j'insistais mais je n'eus que pour réponse un coup de crosse dans les côtes. Soudain je ressentis plusieurs choses : d'une part une présence en moi que je n'avais pas ressentis depuis des années, mes iris prirent une dangereuse couleur violette, et une violente force montait en moi. D'autres parts je sentais que quelqu'un me ceinturait, en tout cas faisait tout son possible pour m'immobiliser. Je vis alors que c'était Loup-Gris qui cherchait à m'immobiliser.

C'est alors que je ressentis le souffle d'une explosion. Un boulet explosif venait d'atteindre le stock de poudre du fort. Nous furent tous projetés à terre. Cependant je sentais que je perdais le contrôle, le démon qui dormait en moi tentait de reprendre le contrôle. Il me susurrait à l'oreille...

- Tues-les tous. Jamais ils ne nous laisseront quitter le fort et tu auras fait tout ça pour rien.

- Non je ne peux pas... je ne veux pas ! repris-je avec force...

- Serais-tu en train de défendre tes propres bourreaux ? ce que tu peux être idiote ma chère.

A ce moment-là je ressentais comme une violente migraine, qui me maintenait au sol. Je déployais toutes mes ressources mentales afin de reprendre le contrôle et de me relever avec l'aide de Loup Gris. Pour être tenue en joug par le pistolet du lieutenant britannique

- Restez où vous êtes ! Hurlez-t-il.

- Abaissez votre arme, lieutenant ou je vous tranche la gorge! Répondis-je avec une voie qui n'était pas du tout la mienne...

je sentais que l'autre partie de moi avait pris le dessus, je luttais...

- Jamais... il relève le chien de son pistolet...

- Je ne lui laissais pas le temps de presser la détente que je sortis un poignard de ma ceinture, et à la vitesse de l'éclair lui trancher la gorge, le sang giclais sur mon visage... Un délice... avant d'entendre un hurlement...

- NOOOOON ! Qu'as-tu fais ?

- Lâche-moi si tu tiens à la vie ! Répondis-je alors sous l'emprise de mon autre facette!
C'est là qu'il vit mes yeux violets et c'est là qu'il réalisait que c'était plus Aurora mais quelqu'un d'autres...

- Non... Je t'en supplie ne fais pas ça ! Ce n'est pas toi ! Aurora, tu peux la contrôler !

- Aurora est trop naïve pour s'en sortir seule dans ce monde, et ce monde ne l'as que trop brisé. Il est temps désormais que les choses se passent à MA manière...

- Je ne te laisserai pas faire.

- J'ai toujours agi dans l'intérêt d'Aurora, pour sa survie. Aujourd'hui cela passe par quitter ce fort et massacrer quiconque s'opposant à moi.

- Je te le répète je ne te laisserai pas faire. C'est à Aurora d'en décider.

- Elle est incapable de décider quoique que ce soit. Pour la dernière fois, relâche-moi ou meurs !

- Je suis désolé mais je ne peux te laisser contrôler la vie d'Aurora.

- Elle et moi ne faisons qu'un. Tue-moi et Aurora mourra.

- Alors meurs ! Je préfère la voir morte mais libre que vivante et soumise à toi !
Je luttais encore et encore, moi Aurora, je n'arrivais plus à me contrôler. C'est elle qui maîtrisait tout. Je ne pouvais qu'assister, impuissante au combat qui s'annonçait. Nous croisions le fer alors que les tirs d'artillerie et de mousquets se turent... alors que le combat prenait de plus en plus d'intensité, je parvenais à reprendre petit à petit le contrôle de moi-même. Cependant mon autre facette s'en rendait compte. Ce faisant, elle choisit de décrocher un puissant revers à Loup Gris avant de s'emparer d'un pistolet, de monter au rempart pour sauter sous l’œil ébahi des survivants anglais.

Je sentais qu'elle m'emmenait vers la rivière... je nage aussi vite que me le permettent mes bras pour ensuite trouver refuge sur l'autre rive, à l'ombre des grands arbres. De là je pus voir la garnison anglaise se rendre. Je me rendais compte que j'avais fait tout ça pour rien... Et je n'osais pas penser à Sullivan que j'avais aussi abandonné. En fait je les ai tous abandonnés...

- je suppose que tu es fière de toi sale garce ? Lançais-je avec colère.

- Tu es autant la garce que moi. Je te rappelle que nous ne formons qu'une seule et même entité. J'ai agis pour notre survie. Je n'ai jamais voulu tuer Loup Gris mais il se dressait entre nous et la sortie. Il fallait prendre des décisions difficiles. Des décisions que tu étais incapable de prendre.

- Mais qui es tu pour décider à ma place ?

- Avec toi, nous nous appelons Aurora Spimello, nous portons l'héritage de notre père. Mais avec moi, nous nous appelons Emiliana de Winther et nous portons l'héritage de notre mère.

- Emiliana, je ne veux pas de cet héritage maternel. Je ne veux pas de toi. Tu es en train de me détruire!

- Tu n'as toujours pas compris ? Nous ne faisons qu'un....

- Non, répondis-je, une de nous deux est de trop...

- Mais qu'est ce que commença Emiliana.
Je saisis alors le pistolet et plaça le canon contre mon occiput.

- Une de nous doit disparaître, c'est toi ou moi...

- NON ! hurla Emiliana.

Je pressais la détente, un flash puis le néant pendant quelques secondes...

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Je sortais la tête de l'eau mais mes paupières restent clauses, je me rendais compte que j'étais toujours dans le souvenir... mon rythme cardiaque augmentait dangereusement. Je toussais, je savais qu'il fallait me ré-immerger dans l'eau dans laquelle baigne le souvenir pour reprendre le fil de l'histoire, au risque d'une défaillance cardiaque et de lourdes lésions cérébrales... Mais je veux et je dois savoir...

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J'avais en face de moi une image floue. Je reprenais lentement connaissance, et je vis qu'un vieil homme était à mon chevet il s'agissait du même shaman qui m'avait mis en garde contre le danger que représentait Emiliana. J'étais toujours dans la forêt mais allongée sur un tapis de feuilles.

- Que s'est-il passé ?

- Tu as voulu te débarrasser d'elle, se contenta de me répondre le shaman. Mais tu ne le peux car elle et toi ne faites qu'un...

- Je me souviens, avoir tiré...

- Je veillais sur toi par delà les étoiles, je voyais que tu faisais fausse route, alors j'ai fait en sorte à ce que tu vives... me dit-il en me rendant la balle que je m'étais pourtant logé dans l'occiput.

- Mais... Loup Gris ? Et Sullivan ? Que sont-ils devenus ? Combien de temps suis-je restée sans connaissance ?

- Seulement quelques heures, que les ancêtres en soient remerciés, mais je crains que la colonne anglaise ait été attaquée par les hurons après avoir livré le fort aux français. Les rares survivants ont été emmenés par les hurons. J'ignore si Loup Gris et Sullivan ont survécu.

- Et vous ne pouviez pas me le dire plus tôt ?

Je bondis, puis m'emparais d'un mousquet, de mon épée ainsi que de mes pistolets, puis je commençais la traque. Je retrouvais rapidement la trace de la colonne anglaise, et ce que je vis fut un spectacle de désolation : des cadavres tout le long de la piste, certains avaient été scalpés. Le sang anglais avait rougi beaucoup d'herbe. Cependant je n'apercevais pas le corps de Loup Gris ni celui de Sullivan. Alors que j'observais la piste, j'entendis comme un hurlement et j'eus à peine le temps de me retourner pour voir un huron me charger, armé d'un couteau. Sans difficulté je parais l'attaque avec mon épée elfique. Son aspect insolite semblait effrayer le huron. Profitant de ce répit, j'en profitais pour attaquer et lui ouvrir le torse. Il mourut rapidement ensuite.

Cependant le fait qu'il y ait encore des hurons dans les environs me fit penser que le groupe de guerriers qui avait attaqué la colonne ne devait pas être bien loin. Sans plus attendre je reprenais la traque. La piste était fraiche, elle m'emmenait dans les hauteurs, au bord des falaises. Après deux heures de course, je pus apercevoir la colonne de hurons s'approcher d'un village perché au bord d'une des falaises. Un vrai nid d'aigle. Je m'approchais avec précaution. Je parvins à trouver une position en surplombant le village.

De là je pouvais voir ce qui s'y passait. Loup Gris était bel et bien parmi les prisonniers cependant pas le moindre signe de Sullivan. Je vis alors que les hurons procédaient à leur exécution... ils étaient attachés puis placés sur des buchés. Je me sentais impuissante. Je vis l'un des hurons monter sur l'un des bucher et scalper les soldats anglais. Loup Gris échappa à ce sort, probablement, à cause de ses origines amérindiennes...

- C'est maintenant qu'il faut agir... me susurra Emiliana.

- Oh non ce n'est pas vrai tu es encore là toi ?

- Bien sûr puisque tu es encore en vie, il va te falloir le tuer...

- Mais tu n'es pas sérieuse ! répondis-je affolée.

- Vois par toi-même se contentait de répondre Emiliana...

En effet, je devais me rendre à l'évidence, il venait d'enflammer le bucher sur lequel Loup Gris était attaché je l'entendais hurler, en même temps que les autres malheureux, je ne pouvais pas.

- Il FAUT que tu le fasses ! reprit Emiliana avec force. Ne l'abandonne pas dans la souffrance !

- Je je... je ne peux pas.

- Je vais t'aider...

Je sentis ma main reprendre de l'assurance, je la sentie saisir le mousquet et viser la tête de Loup Gris.

- Libère-le de ses souffrances... reprit alors Emiliana.

- Je... je suis désolée. Pardonne-moi mon amour, dis-je en larme.

Puis je pressais la détente. Loup Gris reçut la balle et cessa de hurler. Il était libre... enfin j'espère. Sans vraiment prendre le temps de réfléchir je pris mes armes et courut à toutes jambes je retrouvais alors la piste que j'avais emprunté pour suivre les hurons. Je vis que plusieurs guerriers marchaient le long de la piste, je sortis mes deux pistolets et tua les deux premiers. Un troisième se tourna pour apercevoir le fil de mon épée fondre sur son visage. Je continuais à courir, je devais mettre le plus de distance entre les hurons et moi. J'en vis alors un autre un peu plus loin, je saisis alors un mousquet se trouvant à côté du corps d'un des leurs. Il reçut alors une balle en cœur. Alors que je poursuivais ma course, un autre guerrier courrait à la même vitesse que moi dans les hauteurs juste au dessus de moi. Il se jeta sur moi, nous roulâmes sur plusieurs mètres. Je vis qu'il s'agissait du guerrier qui avait scalpé les soldats anglais. Celui-là était particulièrement coriace. Voulant m'égorger avec son couteau je bloquais son bras avec ma main. Soudain mes yeux prirent leur teinte violette et sans prévenir je lui assénais un coup violent au nez, si violent qu'il se brisa. Je parvins ainsi à me libérer de son étreinte. Se relevant, il attaqua de nouveau. Mais désormais il faisait face à Emiliana, je parvins à esquiver l'attaque en faisant un saut périlleux me retrouvant ainsi dans le dos de mon adversaire, je le transperçais avec mon épée elfique. Tombant à genoux, je vins le regarder dans les yeux.

- Le prix du sang, huron.

Ayant lâché ces mots je le saisis et le projeta dans le vide. Il tomba en silence. Je le vis s'écraser dans la rivière, au pied de la falaise. Avant de reprendre ma route vers le territoire des Ottawa. J'avais le cœur lourd mais je devais reconnaître que pour une fois. Emiliana avait bien agit

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J'émergeais de nouveau dans la baignoire. Je crachais du sang, cependant je m'étais rendu que j'avais eu le temps de faire rougir toute l'eau de la baignoire. Je me sentais à bout de force. Mais il m'en restait assez pour me sécher et me rhabiller. Je sortis de la salle de bain des préfets. Malefoy était encore éveillé, en train de lire un livre. Je m'approchais de lui.

- Je vois que tu as finis. Tu as appris beaucoup de choses ? Me demandait-il tout en fermant son livre.

- On peut dire cela. Répondis-je tout en saisissant le livre que Malefoy lisait : La Guerre de Sept Ans. Histoire navale, politique et diplomatique, Jonathan R. Dull.

- Je ne savais pas que les guerres coloniales des moldus t'intéressaient à ce point. A moins que cela ait un rapport avec mes mémoires...

- Disons que je tente de comprendre ce que tu as pu ressentir à cette époque. Me répondit-il avec un léger sourire.

- Mouais... si un jour je termine mes mémoires, je te les ferai lire et là tu comprendras mieux.

Je pris alors congé de Malefoy pour retourner aussi discrètement que possible dans le dortoir des Serdaigle, pour une bonne nuit de sommeil. Le lendemain, je vis à quel point l'école avait changée depuis mon départ impromptu. Les élèves étaient plus maussades, qui plus est, certains se lançaient des regards meurtriers. En même temps, les émeutes ourdies par l'esprit machiavélique de Lucius Malefoy avaient fait leur œuvre, les règlements de compte pleuvaient, et l'infirmerie était tout le temps pleine. Mais comment peut-on étudier correctement dans une ambiance aussi délétère ? De plus malgré un contrôle accru par les professeurs de création de groupes et d'associations en tout genre, j'avais eu vent que certains groupes, on va dire subversifs se recréaient... certains sous le couvert d'associations de supporters de leurs propres équipes de Quidditch, alors que d'autres n'ont pas renoncés aux bonnes vielles méthodes des milices et choisirent la voie de la clandestinité.

Désormais les maisons souffraient toutes de querelles internes, la mienne, Serdaigle n'était pas épargnée mais elle l'était peut-être plus que Gryffondor ou Poufsouffles car c'est elles qui ont compté le plus d’extrémistes dans leurs rangs lors des émeutes des mois derniers et cela avaient aboutis à des renvois. Les cours s'enchaînaient, la plupart ne me posaient pas de problèmes quant à d'autres... on va dire que je me demandais où il y avait de la magie. En effet quelques mois plus tôt lorsque j'ai falsifié mon dossiers dans les archives de Poudlard j'avais fait l'erreur de cocher l'option de la divination...

En effet pour moi il s'agissait d'étudier les dons de doubles vue ou même la consultation des esprits, ce genre de pratique que j'ai pu apprendre avec les Shaman amérindiens, mais dans les faits cela consistait plus à écouter les divagations d'une folle qui se prétend voyante... Et manifestement je ne semble pas avoir le moindre don dans cette matière compte tenu de mes dernières notes (un D et un T). Lorsque j'ai eu mon T, elle a quand même eu l'audace de me sortir que j'étais la seule à part les trolls à être dépourvue à ce point-là de don de divination. Pauvres Trolls, dire que certains (je crois que c'est le cas de la Tribu des Taztingo, bien que cela demande vérification) peuvent prédire l'avenir après s'être abreuvée de magie liquide... l'ignorance décidément a la vie dure...

Finalement je choisis d'écourter le cours en me sauvant discrètement alors qu'elle était en train d'annoncer à Neville qu'il risquait de mourir dans un attentat orchestré par des ronflaks cornus possédés par d'anciens mangemorts... Honnêtement j'aurai plutôt parié sur l'option à mort piétiné par une horde de gnous endiablés. Soudain Le professeur Trelawney m'interpella.

- Miss De Winther ! je vous en prie le cours n'est pas achevé ! Revenez donc vous asseoir.

- Euh... il s'agissait d'un cours ? Oh pardon ! Dis-je en gloussant de rire...

- Je ne vous permets pas de...

- ...Sûrement oui, donc je me permets de vous rappeler que d'après vous-même les trolls s'en sortent mieux que moi en matière de divination, de ce fait je n'ai rien à faire dans ce "cours".

- Il n'est jamais trop tard pour vous initier à cet art noble ! rétorqua le professeur non sans un certain dédain.

- Je suis convaincu que ce "noble art" sera se passer de mon esprit Troll ! Rassurez-vous.

Sur ces mots je pris mes affaires et je partis sans demander mon reste. C'est vrai ! Comme si j'avais que ça à foutre ! Cela dit je ne pus m'empêcher de jeter un œil sur Malefoy qui n'arrêtait pas de se marrer. Bah. En même temps si cela l'amuse. Je partis à la bibliothèque. J'ai toujours apprécié ce lieu de calme et sérénité. J'en profitais pour me charger de ce devoir de métamorphose que McGonagall nous avait donné la veille. Il s'agissait des bases de la métamorphose humaine. Je ne savais pas que les étudiants pouvaient être confrontés à ce sujet aux exams des ASPICS. En tout cas je trouve l'approche plutôt intéressante, beaucoup plus que la divination. Par contre pondre une dissertation de 40 centimètres sur les différentes règles inhérentes à la métamorphose humaine, c'est un peu plus fastidieux...

Quelques parchemins remplis plus tard, je rencontrais Jimmy Cooper de Serdaigle lui aussi, il avait un peu changé depuis la dernière fois que nous nous sommes croisés en cour. Il avait désormais les cheveux plus longs mais je ne pouvais m'empêcher de remarquer une cicatrice au niveau de son coup. Il vint s'asseoir à ma table pour déposer quelque chose sur mes parchemins. Il s'agissait de l'insigne du capitaine d'équipe de Quidditch.

- Je pense que cela te reviens de droit. Me lança-t-il avec un sourire.

- Malgré mon absence prolongée ? je n'ai participé à aucun match...

- C'est vrai, mais tu nous as redonné la foi et l'envie de gagner. Et surtout le gout à l'entraînement, à travailler en équipe. Je dirai que c'est le plus important du moins pour l'instant.

En effet, durant mon absence, l'équipe de Quidditch de Serdaigle n'avait pas chômé. Elle a suivi mes recommandations même s'ils ont eu des difficultés à jouer sans moi, ils n'ont perdu qu'avec un écart de dix points contre Griffondor. Comme je l'avais suggéré, Cooper qui avait endossé le brassard de capitaine de l'équipe a pris soin de placer Antony Goldstein au poste d'attrapeur plutôt que Cho qui risquait encore d'avoir un faible pour Potter (Avant qu'il rejoigne mon équipe bien sûr). De ce fait, lors de mon retour j'avais une équipe plus soudée, organisée et motivée. On m'a également rapporté que Weasley a pris un malin plaisir à se moquer de mon équipe mais quand je vois tout le chemin qu'ils ont parcouru je me dis que cela vaut toutes les victoires de matchs du monde.

- Tu nous as sacrément manqué contre Griffondor mais ça va, nous avons limité la casse ! lança Cooper.

- Franchement le résultat je m'en moque un peu. Ce qui m'intéresse c'est comment vous avez joué et surtout qui avez-vous mis à ma place en tant que poursuiveur...

- Cela va te paraître bizarre, mais j'ai pris le risque de mettre Cho à ta place...

- Et... ? Demandais-je avec une certaine appréhension.

- Ben ce n'était pas si mal, bon rien à voir avec ton niveau mais même la tornade Weasley a reconnu qu'elle lui avait donné du fil à retordre et Weasley est connue pour son franc-parler. Une fille de notre année à enregistré le match sur ses multipliettes, elles sont de bonne qualité, tu devrais bien y voire me dit-il en me tendant les jumelles enchantées.

J'observais avec attention le match tout en apportant quelques commentaires et conseils mais j'étais contente de voir que toute l'équipe avait bien progressé durant mon absence. Cependant, je sentis une présence familière Malefoy, pensais-je avec un sourire aux lèvres, mais je n'avais pas oublié les bonnes vieilles habitudes de Poudlard, je savais bien que cette visite impromptue n'était pas du goût des Serdaigles.

- Qu'est ce que tu fous-là ? Lança agressivement Cooper à Malefoy.

- Je ne cherche pas les embrouilles Cooper, j'aimerai juste avoir une petite discussion avec De Winther, c'est tout, ensuite promis je me tire.
Je me tournais alors vers lui, j'étais surprise de voir comment il était habillé : il ne portait pas l'uniforme de Poudlard mais un costume d'un noir de jais entièrement en soie, avec un grand manteau de cuir, ultra cintré mais avec les manches longues, recouvrant la moitié inférieure de ses mains, la tenue typique des elfes noir...

- c'est bon Cooper, dis-je, je pense que Malefoy sera se tenir tranquille. Qu'est ce que tu veux ?

- En privée, me dit-il en me montrant la porte ouverte d'une salle vide à proximité de la bibliothèque.

Je me levais, il paraissait troublé. Mais ce n'est qu'une fois dans la salle et après avoir verrouillé la porte qu'il se tourna vers moi. Son visage s'était aminci, sa peau était plus douce et surtout, il paraissait encore plus froid que d'habitude, sa voix était moins traçnante. Je trouvais qu'il avait changé depuis notre retour.

- Je ne me sens pas très bien ces derniers temps, commenta-t-il.

- Comment ça ? Je demandais sans vraiment comprendre.

- Eh bien... comment dire, j'ai des hallucinations, j'ai des troubles du sommeil, genre je me lève en sueur sur les coups de trois heures du matin... mais surtout... j'ai d'étranges pulsions... je vais t'avouer ça me fait flipper.

- Quand tu parles de pulsions... commençais-je.

- Sexe et sang...

- Comme tout bon elfe noir que tu es désormais... dis-je non sans une certaine préoccupation.

- Hein ? Mais... comment est-ce... possible ?

- Quelque chose me dit que pour me sauver de l'attaque des Loup-garou au cimetière tu as conclu un accord. Genre avec les matriarches...

- Comment peux-tu le savoir ? Répondit Malefoy, la bouche bée.

- Je ne le savais pas, je le soupçonnais. A Genève j'ai vu l'épée que tu maniais... et que tu aimais, ton attitude me faisait vraiment penser à celle des épéistes elfes noirs. Or pour manier ce type d'arme, il faut obligatoirement être l'un des notre... Pas besoin d'avoir fait l'école des aurors pour comprendre que tu as... évolué vers l'état d'elfe noir. Je ne pense pas que tu le sois entièrement sinon tes problèmes se seraient manifestés bien plus tôt et de façon bien plus brutale.

- Ok... et la suite des évènements, c'est quoi ?

- Il va falloir que tu apprennes à vivre avec ça. Pour ce qui est du sang, il va falloir que tu t'en abreuves régulièrement et...

- Boire du sang ? Mais tu déconnes ? Je ne suis pas un vampire nom de Merlin ! Rugit Malefoy.

- Peut-être mais en attendant cela va devenir un besoin vital pour toi. Un manque de sang trop important te sera fatal, et je vais te dire, c'est assez facile à gérer quand tu y réfléchis, car il ne te faut pas obligatoirement du sang humain. Dans l'absolue du sang d'origine animal suffit. L'idéal étant le sang de dragon, du fait de ses propriétés curatives. Par contre évites le sang des animaux de compagnie car non seulement ce sang n'est pas des plus nourrissant mais en plus, cela va paraitre suspect que des chats ou des chiens disparaissent... Enfin en ultime recours, tu pourras t'adresser aux moldus, je sais que dans certains hôpitaux, ils utilisent un prototype de sang artificiel... le gout est dégueulasse mais il nourrit bien. Répondis-je tout en gardant mon calme.

- Mouais... et pour...

- Je te fais confiance, d'habitude tu n'as pas de problème pour ramener une fille dans ton lit. Il te faudra peut-être un peu plus planifier tes conquêtes. Répondis-je avec un petit sourire moqueur. Sur ce, je te laisse, faut que je vois comment mon équipe se débrouille au Quidditch.

- Vous ne ferez jamais le poids contre nous ! raillait alors Malefoy, sûr de lui.

- Nous verrons... je te propose même un défi - boucle-la et laisse-moi finir - si Serdaigle gagne, tu m'invite à dîner, si Serpentard l'emporte, je te donnerai l'occasion de maîtriser tes pulsions. On est d'accords ?

- Hum, Ok je marche. Juste une question, pourquoi un dîner ?

- On ne me l'a jamais proposé, tous les hommes que j'ai connu soit ils avaient trop peur de moi soit ils voulaient ma mort.

- Pourquoi je ne suis pas surpris quand tu dis ça ?

- Ce n'est pas comme si j'étais une tueuse psychopathe ! répliquais-je un peu outrée.

- Non tu es juste une guerrière magique complètement dingue ! J'avoue c'est un peu différent mais quoique tu puisses être, t'avoir comme amie est une sacrée prise de risques. - je prenais un air blasé - Mais t'inquiètes pas, je n'oublie pas ce que tu as fait pour moi. Dit-il en me prenant la main.

- C'est cool, me contentais-je de répondre avec un sourire. Cette fois je vais vraiment les rejoindre. Ils vont se demander ce qu'on fait dans cette salle de classe.
Nous sortîmes de la salle de classe. Malefoy prit la direction des cachots alors que moi je retrouvais mes amis de Serdaigle. A voir l'expression sur leurs visages, je devinais qu'ils se demandaient tous la raison pour laquelle Malefoy voulait discuter avec moi en privé.

- S'il te cherche des noises, tu sais où nous trouver ! Lançait alors Cooper avec un sourire complice.

- T'en fais pas pour moi Jimmy, on s'entend plutôt bien avec Malefoy.

- On verra si ce sera toujours le cas après le match de Quidditch ! On va leur mettre la raclée de leur vie !

- Nous verrons. Je répondais. Ne crions pas victoire trop tôt. Le style de jeu des Serpentard n'as rien à voir avec celui des Griffondor. Il faudra s'attendre à pas mal de coup bas. Ils vont jouer avec nos nerfs et nous pousser à la faute et gagner des points par pénalité. D'ailleurs j'y pense, nos séances d'entraînement sont toujours prévues pour le lundi et le jeudi soir ?

- Yep, répondit une fille du groupe qui n'était la poursuiveuse Inna Rheman.

- Alors nous avons encore une séance avant le match contre Serpentard. On s'en servira pour mettre en place une stratégie. Pas de nouvelle figure, juste de la répétition et de la répétition pour que cela devienne de l'ordre du réflexe. Ensuite advienne que pourra.

- Ce match risque d'être assez chaud. lança alors une voix qui vint troubler l'assistance.

Je me retournais pour voir Ginny me regarder. Ce que je vis était surprenant. Je vis qu'elle avait une cicatrice en travers de l’œil gauche.

- Ginny ? qu'est ce qui t'es arrivé ?

- Le match contre Serpentard a dégénéré. Depuis les émeutes de Poudlard à chaque fois qu'il y a un match impliquant les Serpentard c'est toujours à deux doigts de virer à la bataille rangée...

- Tu me disais que Malefoy était dans le genre "cool" n'est-ce pas ? ma lançait alors Cooper d'un sarcastique.

- Ne dis pas de connerie. Malefoy était absent au moment des faits. Cela dit, je vais voir ce que je peux faire.

- Ne te donne pas cette peine, m'interrompis Ginny, le ministère a décidé de déployer les grands moyens, ils ont prévu de déployer des unités de la police magique pour maintenir l'ordre.

- La présence des poulets magiques n'empêchera pas les débordements, il faut agir à la source... en admettant que les fouteurs de merde soient tous des Serpentard, ce qui à mon avis n'est pas le cas.