Une violente tempête balayait des terres âpres, des éclairs rouges zébraient le ciel noir anthracite… Un spectacle digne de l’apocalypse. Sur un rocher se tenait un homme, très grand avec une cape et des bottes de cuir noires avec un gilet rouge sombre et une chevelure fine, blanche et en brosse. Il semblait attendre quelqu’un…
Une heure plus tard, un autre personnage arriva. Il était plus petit, plus trapu que le premier. Il tenait sous son bras une sorte de mallette scellée par un sceau magique.
- Tu es en retards. Commença l’homme grand.
- Désolé, mais il a fallu trancher quelques gorges pour obtenir ce que tu voulais. Ce n’était pas une mince affaire.
- C’est pour cela que j’ai fais appel à tes services répondit l’homme de grande taille.
- Tierru, je souhaite que ce soit la dernière fois que nous fassions des affaires, ils me soupçonnent de plus en plus et j’ai de plus en plus de mal à déjouer leur vigilance et plusieurs reliques manquent à l’appel… j’espère au moins que tu n’es pas derrière tout ça tout de même ?
- J’ai bien peur que si. Les démons doivent être neutralisés car non seulement ils représentent un danger pour toutes les formes de vie mais en plus, ils représentent un danger pour eux même. De ce fait, en protégeant les miens je les préserve d’eux même.
- Peut-être, mais cela devient trop dangereux pour moi, je veux me retirer !
- Je comprends bien mais dans ce cas ce n’est pas à moi qu’il faut faire ces réclamations. adresses toi aux gardiens toi-même. En attendant que tu réactives le portail je te suggère de…
Entre temps un petit esprit scintillant vint à l’oreille de Tierru lui marmonner quelque chose. Sur le coup, Tierru paraissait surpris mais il effaça rapidement cette expression de son visage.
- Je disais donc qu’il valait mieux que tu te fasses discret en attendant que cela se calme. Je suis désolé de devoir te quitter mais comme tu as pu le constater on a besoin de mon aide ailleurs…
- Je comprends répondit l’homme trapu. Je te contacterai dés que possible.
- J’en suis sûr.
Tierru attendit que l’homme trapu soit assez loin pour ouvrir la mallette. Elle contenait un jeu d’échecs dont le plan de jeu était ensanglanté. Les pièces quant à elles changeaient de forme régulièrement… Et l’une d’elle prenait la forme de l’homme trapu. D’autres prenaient des formes humaines ou encore de loup-garou. A côté de lui se trouvait un petit calice dans lequel se trouvait du métal en fusion… Une portion de l’Enfer lui-même.
Tierru disposa les pièces comme pour commencer une partie. Puis il choisit deux pièces. La première était un loup-garou qui semblait hurler à la mort.
- Mordre les innocents pour les changer en monstre… Je crois que tu auras quelques comptes à rendre… Bienvenue en Enfer.
Puis il lâcha la pièce représentant le loup garou dans le calice, on aurait dit que la pièce était morte de peur alors qu’elle se désagrégeait dans le métal en fusion. La deuxième pièce représentait l’homme trapu. Il se débattait de toutes ses forces pour essayer d’échapper à la terrible malédiction. On pouvait presque entendre ses hurlements…
- Sale traître ! Comment peux-tu me faire ça ? Après tout les risques que j’ai pris pour toi ?
- Pas de pitié pour les traîtres Mayer, tu as vendu Sangrael à Zaradraas alors qu’il détenait peut être la seul arme pouvant terrasser à coup sûr le messie des ténèbres et pire encore, tu as tué ses parents à elle. Tu as pu te régénérer une fois. Mais cette fois-ci, tu seras tellement damné que même les portes de l’Enfer resteront closes à ton arrivée.
Sur ces mots Tierru lâcha la pièce d’échecs dans le calice de l’Enfer. Puis il entendit au loin des hurlements de quelqu’un qui semblait être immolé… A la fin de ce spectacle sordide, Tierru rangea le jeu ainsi que le calice qui allait avec et partit vers le portail magique qui venait de s’ouvrir. Avant de s’évanouir dans les limbes de la magie, il lâcha une parole :
- Désormais nous pourrons jouer à jeu égal…
Le mois de Novembre arriva très rapidement et les premières brumes glaciales commencèrent à tomber sur la demeure de Nohranne Von Salza. Avec le froid pénétrant de l’hiver, les pouvoirs des détraqueurs s’en retrouvaient considérablement renforcés donnant donc à Voldemort une main mise sur le pays encore plus importante. Ce qu’Harry ne pouvait supporter plus longtemps. Il prit la décision d’annoncer à Nohranne son départ pour la quête des Horcruxs.
- Tu comptes vraiment partir ? Lui demanda Nohranne. Car en ce moment ce n’est pas l’occasion rêvée pour faire une descente sur la capitale.
- J’ai pris ma décision. Cela fait plusieurs mois que je suis ici, je sais que ce que j’ai appris est très important mais je ne peux plus supporter l’idée que les autres se battent à ma place !
- Tu es en train de tomber dans le piège de Voldemort, Harry. Ici tu es en sécurité. Le fait que Voldemort ne t’es pas encore capturé donne à certains sorciers encore assez d’espoir pour continuer la lutte. Ils sont pas nombreux je te l’accorde mais ils existent et tant qu’ils existent, Voldemort n’aura pas remporté une victoire totale.
- Je ne vous comprends pas. Il y a encore deux semaines vous étiez d’accords pour que je reprenne ma route. Qu’est ce qui a changé ?
- Une très mauvaise nouvelle… Les démons viennent de pénétrer dans le monde des sorciers. Et pire encore, certains sont déjà au service de Voldemort. Ils sont partout et tu n’es pas encore de taille à lutter contre ces créatures.
- Peut être, mais quoique je fasse je prends un risque. Et tôt ou tard il faudra bien que je détruise les Horcruxs.
- Je ne te demande pas de rester indéfiniment ici je te demande patienter quelque temps pour que je puisse en savoir plus sur cette invasion. Car j’ai aussi appris l’existence de démons dissidents avec lesquels nous pourrions peut-être négocier une trêve le temps de venir à bout de Voldemort.
- Pactiser avec des démons ? Vous êtes folle ? lui répondit Harry avec une voix plus agressive qu’il ne l’aurait voulue.
- Absolument pas. En temps normal, le mal devrait être combattu par le bien mais à l’époque où nous vivons, j’ai peur qu’il doit être combattu par une autre forme de mal… Nous n’avons plus le choix Harry, et ça depuis bien longtemps, en fait, depuis que Fudge avait pris la décision de ne rien faire lorsqu’il avait apprit le retour de Voldemort.
Harry fit la moue et décida de prendre congé de Nohranne et d’aller s’enfermer dans sa chambre. Il avait besoin de réfléchir, de faire le point sur la situation. Elle était bien complexe. En effet il risquait de se retrouver à combattre aux côtés de créatures démoniaques contre d’autres créatures démoniaques sans pour autant savoir à quoi elles ressemblaient. Si elles ressemblaient aux créatures de feu qui l’ont attaqué à la fin des vacances d’été, Harry avait en effet du souci à se faire car une seule de ses créatures était parvenue à réduire en cendre Alastor Maugrey, le meilleur des Aurores.
On frappa à la porte, ce qui eut pour effet de tirer Harry de ses pensées. C’était Alexana, elle portait une longue cape de soie bleu sombre et joliment décorée.
- Tu m’as l’air préoccupé Harry.
- Pas plus que toi je pense.
- Moi je peux dire que ce n’est pas très important. Mais pour toi je m’inquiète davantage tu es la dernière chance de pouvoir faire pencher la balance de la guerre en notre faveur.
- Oui mais je me sens emprisonné ici. Je suis allé voir Nohranne pour lui en parler et elle m’affirme que ce n’est pas le moment de sortir ! Pour qui elle me prend ?
- Pour celui qui est le plus en danger, Harry je ne suis pas sûr que nous ayons une idée des multiples dangers qui nous menacent en ce moment. Je ne pense pas qu’elle ait du plaisir à te retenir. J’ai pu en discuter avec elle. Elle espère que tu puisses te lancer dans la quête des Horcruxs mais le retour des démons fut vraiment un choc pour elle. Tu aurais vu sa réaction quand elle a apprit la nouvelle... Je ne sais pas ce que cela lui évoque comme souvenir mais ils doivent être suffisamment douloureux pour que je puisse percevoir une once de sentiment en elle.
- Comment ça ? Demanda Harry sans comprendre.
- D’habitude elle cache ses sentiments à tout le monde, y compris ses proches. Hier, j’ai perçu un sentiment d’inquiétude, de tristesse. C’était un peu comme si une goutte avait fait déborder le vase.
- Je pense que comme moi elle a peur, peur pour l’avenir. Ce qui est mauvais signe car cela sous entends qu’elle n’a pas le contrôle de la situation.
- Moi aussi j’ai peur, la seule personne à qui je pouvais en parler est morte.
- Sirius Black ?
- Oui, comment tu le sais ?
- Nohranne m’en a parlé.
- Elle sait beaucoup de choses décidément.
- C’est vrai, elle a toujours su des choses que d’autres ignoraient. Il te manque ?
- Souvent oui, lors des moments de solitude. Lorsque j’ai besoin de me soulager mais que je n’arrive pas à en parler à Ron ou à Hermione.
- Et pour Ginny ?
- Ginny, je souhaite tellement la protéger que j’ai peur de la brider et après qu’elle fasse une bêtise…
- Qu’est ce que tu vas aller t’encombrer l’esprit…
- C’est vrai, en fait ce qu’il me manque …
- … C’est des parents.
- Tu lis dans mes pensées ?
- Non, mais peut-être que je souffre du même manque affectif, mes parents ont disparus quand j’étais toute jeune. Ils étaient partis avec un autre sorcier et ensuite on ne les a pas revus.
Harry sentait que la tristesse montait en elle, une larme perlait sur ses yeux bleus. La larme elle-même avait une légère teinte bleutée. Elle s’était rapprochée d’Harry, très près d’Harry. Il ne savait pas vraiment comment réagir. Il se sentait désarmé face à elle. On aurait presque dit qu’elle s’était endormie contre le cou d’Harry. Instinctivement, il l’embrassa sur le front. Ils restèrent comme ça pendant quelques minutes. Puis elle se redressa lentement, leurs lèvres allèrent se toucher lorsqu’Hermione fit irruption dans la pièce.
- Euh… Fit-elle toute gênée. Je crois que je vais attendre dehors.
- Non attends ce n’est pas grave répondit Harry tout penaud. Il regarda Alexana. Elle comprit rapidement et sortit de la pièce sans ajouter un mot, mais elle adressa un regard profond à Harry. Il se sentit tout petit.
- Et bien…
- Je ne sais pas quoi dire Hermione, franchement j’ai même honte.
- Honte de quoi ? d’avoir partagé le fardeau d’Alexana ? Tu as juste failli franchir le seuil de non retour. Heureusement que c’est moi qui ai ouvert la porte et non Ron ou Ginny.
- Je pense qu’il vaudrait mieux garder ça entre nous.
- Je le pense aussi.
- Mais qu’est ce qui t’amenait ?
- Nohranne voudrait te parler de quelque chose d’important, mais elle n’a rien voulu me dire de plus. Il faut que tu ailles la voir maintenant.
- D’accords, j’y vais.
Harry n’était pas encore remis des événements quand il entra dans le salon. Il vit Nohranne qui regardait par la fenêtre. Le temps avait changé très rapidement. L’orage se faisait sentir, des éclairs apparaissaient à l’horizon.
- La tempête vient droit sur nous…
- Pardon ? Demanda Harry.
- Peu importe, j’ai pris une décision. Tu me disais il y a quelques instants que tu étais prêt à partir non ?
- Oui c’est bien ça.
- Alors je vais te confier une mission si tu es d’accords bien sûr.
- Je vous écoute.
- Je voudrais que vous partiez vous cinq pour Londres rencontrer une de mes vieilles connaissances. Car je vais avoir besoin de ses lumières et je pense qu’il fera un allié de poids contre Voldemort. Il n’a jamais aimé la magie noire, cependant il avait des méthodes bien à lui pour neutraliser ses ennemis.
- D’accords mais de qui s’agit-il ? A quoi ressemble-t-il ? Et surtout ou puis je le trouver ?
Entre temps Ron, Hermione, Ginny et Alexana étaient entrés dans la salle.
- Vous nous avez demandé de venir ? demanda Alexana.
- En effet car je pense que Harry va avoir besoin de vous.
- Comment ça, demanda Ron sans trop comprendre.
- Vous allez devoir retrouver la trace de Rimmer Dall. C’est un ancien chasseur de démon qui dispose de certains pouvoirs. Il va vous falloir le convaincre de rallier notre cause. Il nous sera indispensable si par l’avenir, nous sommes confrontés aux démons.
- Cependant cela ne répond pas à mes questions reprit Harry.
- C’est vrai, en fait, je ne sais pas exactement ou il est en ce moment même. Il va vous falloir fouiller les baffons du monde de la magie. Suivez-moi.
Nohranne les entraîna dans la bibliothèque. Elle sortit une de ses baguettes et tapota une colonne de pierre. Quelques secondes plus tard, le sol de pierre s’ouvrit au milieu de la salle et une grosse pensine apparût. Elle ressemblait beaucoup à celle de Dumbledore mais elle était plus grande et plus finement sculptée. Une traînée argentée flottait dans l’eau de la pensine.
- Tu te souviens du souvenir que ta mère t’a légué, Harry ? Il fait référence à Rimmer Dall. Ils se sont rencontrés peu avant la mort de tes parents. Et juste avant sa disparition, Rimmer Dall m’avait confié quelques affaires et notamment ce souvenir… Qui s’avère être un souvenir commun. C'est-à-dire exactement le même que celui de ta mère mais partagé par deux personnes, donc ta mère et Dall.
Nohranne posa les mains sur la pensine et marmonna une incantation que même Hermione serait incapable de comprendre. Ils se retrouvèrent projetés dans le néant puis un autre décor apparut autour d’eux. Il semblerait que la scène se déroulait à Poudlard. Lily Potter se trouvait avec un homme bien bâtis, tout de cuir vêtu, avec des cheveux coupés court et grisonnant. Un début de barbe laissait entendre qu’il ne s’était pas rasé depuis longtemps. Bien qu’ils parlent à voix basse, la discussion ne paraissait pas moins tendue.
- C’est de la folie ! Tu ne peux pas te lancer dans cette quête, cet artefact a disparu depuis bien longtemps.
- Oui mais si cette légende est vraie, nous aurions un avantage considérable sur Voldemort.
- Sérieusement, je pense que vous avez bien d’autre chose à faire que de vérifier si une légende plus ou moins déformée soit véridique.
- Non Rimmer, je suis convaincue qu’elle existe et c’est pour ça que je suis venue te voir, je voulais savoir si tu étais avec moi…
- J’ai toujours été là pour veiller sur toi mais là, tu ne sais pas à quoi tu t’attaques. Là bas, il y a des choses qu’il vaut mieux laisser dormir… Crois moi c’est ce qu’il y a de mieux à faire.
- Alors expliques moi ! S’emporta Lily. Tu ne te rends pas compte de la situation ici, il est en train de nous tuer un par un, si nous ne trouvons pas rapidement un moyen de faire basculer la balance en notre faveur il ne restera bientôt plus de résistance.
- Je préfèrerai encore avoir à me battre contre cette espèce d’épouvantail qui essaye de se faire passer pour un nécromancien plutôt que d’avoir à nouveau à franchir les portes de l’Enfer. Saches qu’une fois que tu seras là bas, il te sera impossible de revenir en arrière à moins bien sûr qu’un gardien ait pitié de ton âme mais cela arrive… Tous les mille ans … En étant optimiste bien sûr. Alors voila, si tu cherches à aller là bas, je te montrerai seulement où sont les portes, rien de plus et sois sûre que tu n’aura aucun moyen de revenir… Enfin pas comme ça…
Le décor s’évanouit et Harry se retrouva dans la bibliothèque aux côtés de ses amis, de Nohranne et d’Alexana.
- C’est donc cet homme que nous devons retrouver ? demanda Harry.
- Exactement, car comme tu as pu le constater il sait beaucoup de choses sur un artefact qui je pense doit être cette épée dit elle en pointant Tinara du doigt et j’ose espérer qu’il sera un peu plus coopérant avec vous qu’avec moi…
- Pourquoi, ce n’est pas votre ami ? demanda Hermione.
- Cela m’étonnerait, c’est moi qui l’ai enfermé pour quinze ans à Azkaban.
- C’est sûr…
- Cet homme est quelqu’un de dangereux aussi bien pour nous que pour les mangemorts alors soyez prudents. Je suis sûre qu’il se trouve toujours à Londres. Les nuages vont s’épaissir demain dans la matinée, vous pourrez partir à couvert avec la voiture.
Le soir juste avant de dîner, Harry entra dans sa chambre et il vit la tenue de cuir que lui avait confectionné Nohranne quelques jours plus tôt, il jeta un regard sur sa baguette qui lui avait sauvé la vie à mainte reprise. Nohranne entra également dans la chambre avec une épée soigneusement emballée dans son fourreau lui-même emballé dans une vielle cape.
- Voici donc l’épée Tinara. Tu vas devoir l’emporter avec toi. Cela fait longtemps qu’elle n’est pas sortie. Je pense que tu as su éveiller son intérêt.
- Vraiment ?
- Oh oui. Car dans le cas contraire elle n’aurait jamais partagé son histoire avec toi et puis je pense qu’elle t’aurait tout simplement tué, si tu ne l’intéressais pas.
- Evidement vu sous cet angle…
- C’est sûr. Le dîner va être servi.
- Merci.
Harry sortit l’épée de la cape, le fourreau était fait de cuir noir, les gravures fines étaient de couleur rouge foncé, rouge sanglant pour être plus précis. Il se décida avec une petite appréhension de la sortir du fourreau. Mais rien ne se produisit. A sa sortie du Fourreau la lame résonnait comme du cristal que l’on frappait du bout du doigt. La lame était lisse et des reflets rouge sang apparaissaient sur la lame. Après quelque minute de contemplations, Harry la rangea dans son fourreau et la posa à côté de sa tenue de combat. Alors qu’il tourna le dos pour sortir de la pièce, il perçut comme un petit rire démentiel, il ne put s’empêcher de ressentir la même chose… Le dîner sera excellent… Tant pour Harry que pour Tinara.