CHAPITRE 19 : Un Marché au Bal des Vampires (ACTE III)

Le lendemain…tard dans la nuit, une grosse cylindrée se gara devant l’esplanade de la Bibliothèque Centrale des Arcanes. La portière avant s’ouvrit… une magnifique étudiante de l’académie de magie de Budapest sortit de la voiture qui redémarra aussitôt pour disparaître dans l’ombre. Des cheveux bruns, le teint clair, des lunettes carrée un uniforme de l’école très cintré au niveau des hanches, des talons d’acier renforcés de sept centimètres. Et une cape fourrée. Elle avait également avec elle une serviette contenant divers documents et entra dans la bibliothèque… mais quelque chose semblait glisser derrière elle, laissant quelques traces sur la neige fraîchement tombée… ou du moins quelque chose d’étrange semblait être en train de se produire.

La salle d’accueil de la bibliothèque était immense, des dalles de marbre noir, des statues représentant des revenants ornaient les murs de la salle. Des sorciers tout de noir vêtus tenaient les guichets, ils avaient tous un air sévère. Des clients allaient et venaient, certains déposaient des parchemins par dizaines alors que d’autres se faisaient expulser violemment de l’établissement. L’étudiante traversa toute la salle de part en part. Le claquement des compensés résonnait dans toute la salle, des sorciers la regardaient bêtement. L’un fit même tomber la plume qu’il avait dans la bouche alors qu’il triait des parchemins. Elle se dirigea vers le guichet central qui lui faisait face. Elle sortit discrètement une potion qu’elle but de suite avant de ranger la fiole dans sa serviette. Ses yeux gagnèrent en bleuté, ses cils s’affinèrent, du mascara apparut sur les cils avec une petite lueur argentée… la potion de maquillage était décidément un breuvage très utile, elle était désormais presque parfaite lorsqu’elle arriva au guichet. Le sorciers qui lui faisait face, bien qu’il conservait son air sévère fut déstabilisé par la jeune étudiante… elle lui adressa un très large sourire.

- Que puis-je pour vous mademoiselle ? Demanda le sorcier avec une voix quasi-militaire.

- Bonsoir, Elisa Von Tess, dit-elle en montrant un insigne de l’académie de Budapest. Je travaille en ce moment sur un mémoire magique visant à établir les interactions entre le ministère de la magie et l’académie de Budapest, il me faut accéder à certaine archives du quatrième sous-sol.

- Humm... ces niveaux sont interdits aux étudiants je crains de ne rien pouvoir faire pour…
L’étudiante se rapprocha… très près du sorcier et lui adressa un autre sourire…

- je dispose d’une autorisation pour accéder à ces niveaux signée de la main du ministre lui-même… Ignorez-vous que mon père est le dirigeant du département de la magie des arcanes et qu’il voit régulièrement le ministre… Tenez-vous à ce que je fasse un rapport sur votre attitude vis-à-vis d’une pauvre étudiante qui ne demanda qu’à faire ses devoirs ? dit elle en prenant un petit air de chien battu.

Le sorcier se maîtrisa du mieux qu’il put… il n’avait pas envie que son nom apparaisse sur le bureau du ministre surtout qu’il est en libération conditionnelle…
- Veuillez me suivre mademoiselle…

L’archiviste et l’étudiante se dirigèrent vers un ascenseur se trouvant à l’écart de la salle des guichets. Le sorcier actionna un levier et l’ascenseur descendit dans vrombissement de machine infernale. Ils descendirent dans les profondeurs… ils entrèrent dans des zones à accès restreints… le sorcier leur fit passer les contrôles et s’enfoncèrent encore dans la terre jusqu’à la rangée des coffres du sous-sol numéro quatre, le sol était usé par l’eau, des toiles d’araignes apparaissaient ici où là… des rats se cachèrent en voyant ces visiteurs impromptus. Le sorcier sortit une grosse clé à l’ancienne et entreprit d’ouvrir les coffres que l’étudiante désirait. La porte du premier avait du mal à s’ouvrir tellement les charnières étaient rouillées. Ce petit détail mit la puce à l’oreille de l’archiviste qui avait un long passé de détenu… comment une simple petite étudiante pouvait avoir le droit de consulter ce qu’il y avait à l’intérieur de ce coffre alors qu’à voir l’état de la porte, personne jusque là n’est venu pour le faire ouvrir et ne semblait pas pressé de le faire ouvrir… Quelque chose ne tournait pas rond, il voulait en avoir le cœur net. Il voulut se retourner mais n’eut pas le temps de réaliser quoique que ce soit car l’étudiant lui planta une seringue dans le coup et lu injecta un puissant somnifère et l’allongea sur le sol. Elle sortit de son sac trois ampoules de cristal ainsi qu’une fiole contenant une potion sombre. Elle inspecta les alentours puis claqua des doigts. Harry retira sa cape d’invisibilité et entreprit de revêtir la tenue de l’archiviste.

- Il était temps que tu interviennes Alex’, il avait failli se douter de quelque chose.

- Je savais bien que le numéro de la jolie étudiante risquait de tourner au fiasco. Dit-elle en déposant les ampoules de cristal sur le sol.

- Dommage c’est fou ce que tu es mignonne en uniforme. Vous portiez vraiment ça à Budapest ?

- Ferme-là et récupère quelques cheveux du sorcier, on va l’enfermer dans le coffre dés que nous aurons terminé. Dit-elle alors que ces joues prenaient une légère teinte rosée.
Harry s’exécuta en pouffant de rire. Pendant ce temps, Alexana reprit la clé et entreprit d’ouvrir le coffre dont la porte, il fallait le dire, ne semblait pas décidée à s’ouvrir. Elle lança sortilège d’antirouille pour dégager le mécanisme de la serrure. Après cinq bonnes minutes de bataille acharnée contre la serrure, la porte s’ouvrit enfin. Il n’y avait rien dans ce coffre, mise à part une petite boule de cristal de laquelle s’échappaient des chuchotements. Un carcan de fer maintenait la boule de cristal au sol. Alexana prit un couteau et entreprit de crocheter la serrure du carcan. Harry se demandait pourquoi elle se fatiguait à utiliser un couteau et non la magie. Elle lui expliqua que ce type de serrure enchantée était conçu pour exploser au contact de la magie et pourrait endommager le souvenir. Elle parvint finalement à récupérer le souvenir et entreprit d’ouvrir les deux autres coffres dans les quels se trouvaient les autres souvenirs demandés par la comtesse. Prés d’une demi-heure plus tard, elle avait terminé. Harry but une gorgée de polynectar et prit l’apparence du sorcier archiviste qui les accompagnait et entreprirent de remonter à la surface. Ils retournèrent dans la salle principale et semblant de signer les autorisations d’emprunt d’ouvrages puis il la raccompagna dehors. Une grosse cylindrée réapparue devant la bibliothèque, les portières s’ouvrirent d’elles mêmes et ils entrèrent tout les deux en coup de vent dans la voiture qui démarra aussitôt pour disparaître dans le brouillard. Ron était au volant de la cylindrée en tenu de chauffeur de l’académie. Hermione était avec lui et semblait soulagée. Tout s’est passé comme prévu… ou presque.

- Nous ferions mieux de disparaître avant qu’ils ne retrouvent le corps du sorcier. Lança Harry. Il était tard et une tempête de neige s’abattait sur la ville. Ils ne rentrèrent à la demeure des vampires que sur les coups de trois heures du matin. La Comtesse Dame d’Argent fut informée de leur retour et les invita dans son bureau personnel.

- Vous avez ce que je vous ai demandé ?

- En effet, voici les souvenirs comme convenus, répondit Harry. Quand pourrons-nous rencontrer ce démon ?

- Dans trois jours. Il me faut l’avertir de votre venue, c’est un paria qui n’aime pas les curieux. En attendant, prenez ce parchemin, il donne les coordonnées en latitude et longitude de sa demeure. Aux dernières nouvelles, il s’agirait d’une ancienne église. Le point le plus haut d’un village englouti par les marécages. Il vous faudra être très prudent une fois sur place, car cette région fut martyrisée par la guerre et la magie noire. Sur ce, je vous invite à profiter de ces trois jours pour vous reposer et vous préparer. Car une fois là-bas vous ne pourrez compter sur aucune aide, alors ne laissez rien au hasard.

Durant les jours qui suivirent, ils prirent goût à la vie luxueuse de la mafia Transylvanienne. Alors qu’Harry et Hermione préparaient leur voyage pour les confins de la Roumanie, Alexana se rendit à l’appartement de ses parents décédés dans les vieux quartiers de Budapest. Elle entreprit de tout recouvrir et de fermer toutes les pièces à clés. Elle avait les larmes aux yeux, cet endroit lui évoquait tellement de souvenirs heureux… elle se revoyait, recevant sa première baguette magique, en train de montrer son parchemin diplômant avec mention « Excellence »… et bien d’autres encore. Elle prit avec elle le carnet qu’elle avait trouvé dans la cave avec Harry et partit sans se retourner, une nouvelle mission ardue l’attendait de pied ferme. Quelques jours passèrent, ils étaient prêts pour partir dans les Terres septentrionales de la Transylvanie. Ils devaient rencontrer ce démon. Hermione consulta les archives des vampires. Elle y apprit que ces terres furent l’objet d’âpres batailles, tellement de batailles qu’elles furent meurtries de toutes les manières qui soient. Une légende raconte que cette terre marécageuse renfermerait tous les cadavres des soldats des milles dernières années et que ces prisonniers putrides capturaient les vivants assez fous pour s’aventurer en ces terres stériles et les entraîner au fond des marécages… Et y demeurer à leurs côtés pour l’éternité. Elle choisit de ne pas en parler à ses amis. Après tout, il ne s’agissait que d’une légende millénaire n’est ce pas ?

Ils partirent le lendemain à l’aube. Durant deux jours, ils traversèrent les campagnes escarpées de la Hongrie, traversèrent les Carpates pour arriver dans les grandes plaines de l’Est, aux confins de la Roumanie, sinistrées par la Magie Noire. Les gens de la région les nommaient les « Plaines en Peine ». Ils atterrirent sur un vallon, Alexana prit une paire de jumelles et scruta l’horizon… des marécages fumants à perte de vue… pas la moindre église en vue… Les quatre amis consultèrent une carte. D’après les coordonnées de latitude et de longitudes remises par la Comtesse, ils devaient aller vers le Nord pendant plusieurs heures puis obliquer vers le Nord-est. Une fois la direction fixée, ils descendirent dans les marécages, de petits sentiers apparaissaient ici où là, ils progressaient très lentement, en effet ils devaient prendre garde aux crevasses tapies sous la boue et dans les roseaux. De petites chandelles brûlaient dans les marais, ils devaient absolument détourner le regard de ces dernières car dans le cas contraire, eux aussi iraient rejoindre les morts et allumeraient des petites chandelles afin de tourmenter les vivants. Cependant d’autres dangers mortels guettaient les quatre amis, des geysers de gaz empoisonnés infestaient ces marécages, ainsi que des bêtes sauvages, corrompues par la magie noire, ravagées par la pourriture et la maladie. L’une d’elles se jeta sur Harry et tenta de le mordre à la gorge. Par un réflexe inouï, il parvint à lui saisir la tête et à lui briser les cervicales. Une autre bête surgit des marées et fonça sur le groupe. Alexana sortit un des ses pistolets et lui logea une balles en pleine tête, une mini explosion solaire désintégra la créature. Les munitions solaires étaient diablement coûteuses mais ô combien efficaces. Le bruit de la détonation retentit dans toutes les plaines marécageuses des alentours... ils s’attendaient à ce que d’autres créatures leur sautent dessus… mais ce fut un calme complet qui les entouraient…angoissant… Hermione sursauta à cause du bruit d’un geyser tout proche, ensuite plus rien… mais soudain ils entendirent le bruit de quelque chose qui tomba dans l’eau. Ils se retournèrent et furent pris d’horreur : Ron venait de tomber dans l’eau après avoir regardé les chandelles. Des bras squelettiques le tiraient vers le fond. Hermione et Alexana entrèrent dans l’eau et tentèrent de ramener Ron à la surface avant qu’il ne se noie. La situation allait de mal en pis. Une autre main saisit Alexana par le cou la faisant glisser et l’entraîna également sous l’eau. Elle se débattit et parvint à sortir la tête de l’eau avant d’être à nouveau ramenée vers le fond. Pendant ce temps Hermione prit sa baguette et entreprit de brûler les mains squelettiques. Le résultat fut presque instantané : la main se désagrégea… les cendres se dispersèrent au gré de l’eau souillée du marécage.

- Il faut les brûler, ils craignent le feu ! C’est le feu la meilleure arme contre ces choses ! Lança Hermione tandis qu’elle tirait Ron vers la terre ferme.
Alexana, qui parvint de nouveau à sortir la tête de l’eau saisit son pistolet voulant tirer sur un des bras qui la tirait vers le fond mais il n’y eut pas de détonation.

- Harry ! A l’aide ! la poudre est mouillée et je ne trouve pas ma baguette !

Harry se retourna et lança de micro sortilèges d’incendie sur les mains qui la tiraient vers le fond. Alexana put reprendre son souffle et se traîna vers la terre ferme également. Elle tâchait de cracher l’eau qui s’était infiltrée dans ses poumons. Elle portait des marques de strangulation au niveau du cou. Harry la prit dans ses bras alors qu’elle était toute tremblante et continuait à recracher de l’eau.

- C’est finit Alex’ reprit Harry tout en la réchauffant. On a eu de la chance qu’Hermione trouve une solution aussi vite.
Mais Hermione savait que cela n’était pas de l’improvisation. En effet c’est grâce à ses lectures dans les archives des vampires qu’elle prit connaissance de cette technique pour vaincre les morts vivants. Mais elle n’avait rien dit…Harry comprit la situation de par le silence d’Hermione mais il choisit de ne rien dire à Ron ou Alexana. Les heures passèrent et ils continuèrent à progresser à travers les marées jusqu’à ce qu’ils aperçoivent des murets, puis quelques ruines ayant jadis brûlées et maintenant recouvertes de boue. Ils arrivèrent au centre du village des portes grinçaient sous le vent, la mort rodait dans ces ruines. Harry regarda autour de lui et aperçut l’église qu’ils cherchaient… les quatre amis étaient enfin arrivés. Ils montèrent les marches usées de l’église qui avait bien résisté aux ravages du temps et de la guerre. Mais la porte semblait verrouillée… une puissante magie démoniaque était à l’œuvre. Dans un premier temps, ils tentèrent tous les sortilèges qui leur vinrent à l’esprit.

Alexana essaya même de détruire la serrure en tirant dessus mais en vain… elle semblait indestructible et finirent par perdre courage… échouer si prés du but… Alexana sortit même de ses gonds, et pleine de larmes, prit l’épée de Harry et s’en prit violemment à la porte, des gerbes d’étincelles apparurent ici ou là. Mais lorsque cette dernière dans un ultime acte colère transperça la serrure avec la lame de l’épée, tout le métal autour de la serrure commença à fondre, puis la porte s’ouvrit avec un vacarme… Presque démoniaque.